Après avoir été accrochés par le pressing et l’attitude d’un RB Leipzig ambitieux lors du match aller, remporté sans trop de maitrise par les Parisiens, nous assistions hier soir au match retour entre les 2 équipes.

On aurait pu penser que Pochettino, qui s’était déjà réaligné tactiquement sur son adversaire au cours de la rencontre au Parc, allait peut-être adapter son système de jeu dès le coup d’envoi.

Mais, avec un tel groupe, est-il vraiment possible d’attaquer un match dans une formation autre qu’un 4-3-3 voire un 4-4-2 ? La réponse, encore hier soir, était non.

Le PSG a encore été secoué par une équipe ambitieuse dans le pressing et dans l’intensité défensive et, encore une fois dans le cas de Leipzig, avec de la maitrise technique.

Si la façon de poser des problèmes au PSG est clairement identifiée, si le club de la capitale a encore réussi à s’en sortir, on ne peut s’empêcher de relever une nouvelle fois que les Parisiens ne progressent ni au niveau tactique, ni au niveau de leurs points faibles.

Le groupe parisien affiche également un contraste assez important entre les performances de ses joueurs qui, au niveau de la Champions League, n’ont pas le temps d’être compensées et surtout ne pas rester impunies.

Hier soir, Leipzig ne méritait pas de perdre et Paris ne méritait pas de gagner. Le score nul est donc, peut-être, logique.

Dans cette analyse, nous allons revenir sur la chronologie de la 1ère mi-temps qui, à mon sens, aurait pu faire basculer le match d’un côté comme de l’autre.

Ensuite, voir pourquoi Leipzig a perdu les 15 minutes de la 2nde mi-temps pour, ensuite, reprendre la main sur le match et aller chercher l’égalisation.

 

COMMENT LE RB LEIPZIG A DOMINE SON ADVERSAIRE DES LE COUP D’ENVOI GRÂCE A SON PLAN DE JEU ?

Le coach Jesse Marsch proposait le même système de jeu qu’à l’aller, un 5-3-2.

D’entrée de match, et comme à l’aller, on observait un bloc allemand haut et une volonté d’avancer, illustrés par une action franche au bout de 15 secondes.

On voyait également une vraie ambition dans le pressing et une intensité défensive illustrée par la pression mise sur le porteur de balle parisien.

En effet, on pouvait voir chaque joueur allemand défendre en avançant.

L’ouverture du score en est l’exemple puisque la récupération de balle, à l’origine de l’action, est obtenue suite à une mauvaise passe d’un Di Maria pressé dans son dos et une bonne agressivité mise sur Hakimi.

Aussi, ce but montre la capacité des Allemands à vite se projeter après les récupérations puisqu’ Andre Silva déclenchera son centre très vite et trouvera un Nkunku déjà placé devant le but de Donnarumma alors que Kimpembe, comme tous ses coéquipiers, réagira plutôt qu’anticiper. (8ème, 1-0)

Cette attitude défensive à réaction sera vraiment l’illustration d’un symptôme parisien récurrent pendant une grosse partie du match (comme sur une grosse partie de leur saison) puisque la plupart des actions franches subies sont le fruit de retards défensifs beaucoup trop importants après la récupération de balle allemande.

Côté offensif, ce système en 5-3-2 permettait au RB Leipzig d’avoir un surnombre constant dans le milieu de terrain. Pourquoi ?

  • Grâce à la largeur mise par les deux pistons, Mukiele et Angelino, Leipzig a étiré le bloc parisien qui était obligé d’envoyer au moins l’un de ses milieux centraux aider son défenseur latéral étant donné le travail (encore) quasi nul de ses leurs attaquants.

 

  • De ce fait, le milieu allemand était toujours en surnombre, au moins à +1, et pouvait combiner avec peu de pression et surtout créer des décalages.

Forcément, les Parisiens passaient leur temps à essayer de rattraper ce retard.

Dans leur bloc défensif en 5-3-2, face aux phases de préparations d’attaques adverses, le RB Leipzig a posé des problèmes au PSG.

Face à un adversaire ayant la volonté de repartir de derrière, et avec un surnombre dans le milieu, les Allemands ont coupé toutes les solutions de premières relances parisiennes.

Ils ont donc forcé les relanceurs parisiens à hésiter, à multiplier les touches de balle et donc à faire des erreurs.

Forts dans la transition offensive, les Allemands auraient pu tuer le match rapidement, au moins doubler voire tripler la mise et s’assurer une suite de rencontre plus « dans la gestion ».

 

PSG : QUELLES ONT ETE LES SOLUTIONS FACE A CE 5-3-2 ET COMMENT LES PARISIENS LES ONT UTILISEES POUR RETOURNER LE MATCH ET MENER AU SCORE ?

Devant les problématiques posées par le système de Leipzig, 2 solutions ressortaient :

  • Solution 1 – Le jeu long : Face à un bloc haut, choisir des relances longues peut permettre de faire reculer la défense adverse dans sa gestion de la profondeur.

Cela permet de faire reculer la ligne défensive et donc de forcer les attaquants à moins presser pour ne pas trop étirer son bloc

 

  • Solution 2 – L’apport d’un « non-milieu » pour apporter un relayeur en plus dans le milieu de terrain. Ici, c’est le rôle qu’a pris Neymar.

Avant de parler de Neymar, il est important de préciser pourquoi le Brésilien a été obligé de redescendre dans un milieu de terrain en sous-nombre par rapport à son adversaire.

Les Parisiens avaient choisi de repartir de derrière en faisant descendre Danilo entre ses défenseurs centraux – Marquinhos et Kimpembe.

Souvent, ce choix permet aux deux pistons, hier soir Hakimi et Nuno Mendes, de se placer tout de suite haut.

Mais hier soir, les deux latéraux étaient bloqués par les pistons adverses et, surtout, le positionnement de Danilo provoquait un sous-nombre et enlevait une solution de relais dans le milieu parisien.

Cela marque encore une fois les « carences » tactiques du PSG.

Neymar a donc pris la décision de décrocher dans ce milieu et de prendre la responsabilité d’être le détonateur des attaques parisiennes.

Ce qui est intéressant, c’est qu’il semble que ce choix ait été fait par le joueur lui-même et non par son staff.

C’est une qualité que l’on attend d’un joueur professionnel et encore plus d’un « grand » joueur qui se doit d’avoir une influence tactique sur le match.

Il était donc important de le relever.

L’origine de l’égalisation parisienne est donc un décrochage de Neymar qui va déclencher une action qui sera l’addition de dépassements de fonctions des joueurs concernés :

  • Neymar qui décroche et, ensuite, qui suit son action

 

  • M’Bappé qui joue un rôle d’appui et qui déclenche un second appel

 

  • Di Maria qui dézone de son aile pour l’axe du terrain

 

  • Wijnaldum qui se projette de son milieu dans la surface adverse pour terminer l’action

Ces dépassements de fonction ajoutés à une justesse technique digne des Parisiens ont donc provoqué une égalisation assez inespérée mais juste récompense d’une telle action. (21ème, 1-1, Wijnaldum)

Sur le second but, on notera également que les Parisiens obtiendront un corner sur l’une des seules transitions offensives réussie de la 1ère mi-temps.

Pourquoi réussie ?

Parce que le bloc a suivi le renvoi du ballon et surtout parce que c’est Wijnaldum qui finira l’action par un centre.

Le Hollandais, hier soir, a enfin montré ce qu’est un vrai milieu box-to-box et a été récompensé par ses deux buts. (40ème, 1-2)

Encore une fois, les Parisiens ont miraculeusement réussi à retourner un adversaire dominateur en étant efficaces.

On a vraiment senti des Allemands assommés et perdant un peu leurs principes de jeu jusqu’à la fin de la mi-temps.

Finalement, on peut penser, en revoyant les 2 buts, que le RB Leipzig s’est vraiment concentré défensivement sur le fait de presser et donc de tuer dans l’œuf les attaques parisiennes.

Aussi, ces jeunes joueurs ont peut-être été moins concentrés sur leurs principes défensifs de base, comme la gestion de la profondeur ou le marquage sur coups de pieds arrêtés, lorsque le PSG réussissait à se créer des occasions franches.

 

EN SECONDE PERIODE, LE RB LEIPZIG A PERDU DU TEMPS ENTRE LA 45ème MINUTE et la 58ème MINUTE. POURQUOI ?

Au retour des vestiaires, on observait que le coach Marsch changeait de système et passait en 4-4-2 avec un milieu à plat.

Pour être transparent, je n’ai pas compris quel était son objectif. Peut-être voulait-il prendre des risques en mettant 2 vrais attaquants…

Pourtant, dans ce système, le RB Leipzig a perdu ce qui faisait sa force en 1ère mi-temps :

  • Le surnombre dans le milieu de terrain

 

  • La hauteur de jeu de ses deux pistons qui ne pouvaient plus monter trop haut pour mettre la pression sur Hakimi et Nuno Mendes

Le PSG réussissait donc à ressortir le ballon plus facilement et pouvait se passer de Neymar pour cette première relance.

Aussi, on voyait plus souvent les apports offensifs des deux latéraux parisiens, plus libres dans leurs prises de balle.

Les nombreux décalages créés dans le bloc allemand permettaient également de trouver M’Bappé qui prenait systématiquement de vitesse son adversaire en 1 contre 1.

Grâce à sa vitesse pure, l’attaquant français s’est créé 4 à 5 face à face avec le gardien qui ont tous été manqués.

Cela pouvait faire penser à ces fameuses éditions de FIFA ou de PES où il était quasi-impossible de marquer, même en jouant avec Ronaldo et son 99/100 en vitesse.

On terminait à 0-0 (dans le meilleur des cas) après 37 tirs cadrés.

Alors ou on était vraiment zéro ou alors c’était vraiment la faute du jeu…

Séquence nostalgie pixelisée terminée !

Pour terminer sur cette période du match, et comme cela a été le cas pour Leipzig pendant les 20 premières minutes de jeu, c’est pendant le 4-4-2 allemand que le PSG aurait pu et dû tuer le match.

A la 58ème minute, Jesse Marsch a donc fait machine arrière et a effectué 2 changements pour repasser en 5-3-2.

Forcément, cela a permis à Leipzig de reprendre la main sur le match en reprenant le contrôle du milieu de terrain et surtout en permettant à ses deux pistons latéraux de monter leur ligne de jeu de 25 mètres.

Au-delà du fait qu’il a perdu 15 minutes dans sa course au score, le coach Marsch aura affaibli offensivement son côté droit en s’obligeant à faire évoluer Konrad Laimer, milieu central, au poste de piston droit.

Finalement, le RB Leipzig sera récompensé de ses efforts en obtenant un pénalty magnifiquement transformé par Szoboszlai, obligé de trouver le petit filet face aux 17,50 mètres d’envergure de Donnarumma. (2-2, 92ème, SP)