6 buts et un carton rouge ont traduit un match au scénario renversant et surtout l’intensité mise par les deux équipes.

On peut imaginer qu’avant le match, les Messins auraient signé des deux mains pour prendre un point face au champion en titre.

Mais les joueurs d’Antonetti pourront nourrir de nombreux regrets après avoir réussi à retourner leur adversaire pendant une grosse partie du match.

Même si les joueurs de Metz ont gardé certaines des lacunes défensives et techniques de la saison passée, le fait d’avoir monté le curseur de leur intensité physique leur a permis de mettre la main sur le match et donc d’éteindre le LOSC.

Les seules périodes de dominations lilloises ont fait ressortir les difficultés messines et ont à chaque fois été converties par des buts encaissés.

Le champion en titre s’en tire bien mais a montré des signes inquiétants et, notamment, un manque de sérénité défensive qui leur permettait notamment une bonne gestion des temps faibles la saison dernière.

 

1ère clé du match du FC Metz : Pressing haut et intensité physique supérieure.

Fred Antonetti proposait un système de jeu identique à celui qui a fonctionné en 2020-2021 : le 5-3-2.

Cette formation a bien marché la saison dernière car, avec un bloc bas, elle permet de réduire les espaces entre les lignes et d’assurer une présence sur les ailes.

Seulement, on a pu constater, ce Dimanche, une certaine ambition défensive de la part des Messins qui, à la perte de balle haute appliquaient un contre-pressing immédiat.

Aussi, lors des relances lilloises effectuées dans leurs 20 mètres, on observait également un pressing haut de la part les Grenats.

Cette tactique a mis en difficulté le FC Metz pendant les 23 premières minutes car, face à une première relance lilloise performante, il faisait ressortir une lacune défensive collective du FC Metz : la gestion des décalages.

En effet, lorsque les Lillois ressortaient le ballon via leur milieu de terrain, les Messins étaient en difficulté pour gérer les déplacements des attaquants et compenser les décalages effectués.

Aussi, certains joueurs ne mettaient pas encore l’agressivité nécessaire dans leurs duels, ce qui les éliminaient trop facilement.

Le but de Botman en est l’illustration. En effet, après avoir concédé un corner évitable (dans la relance ratée et la mésentente défensive), le buteur lillois réussit à marquer de la tête, à 6 mètres du but d’Oukidja, complètement seul. (0-1, 23ème, Botman)

Un joueur seul, démarqué après un déplacement minime, à 6 mètres de son but est inadmissible et fait montre d’un manque d’agressivité de la part des défenseurs (dans ce cas, Niane qui se faisant bouger au départ, tombe au sol pour réclamer une faute).

Ce qui est très positif, c’est que les Messins n’ont pas « subi » ce but encaissé et ont maintenu leur plan de jeu et leur volonté de garder cette ambition défensive et physique.

Ils ont donc profité du « relâchement » lillois pour transformer ce temps faible en temps fort et renverser le match.

En continuant à presser haut, les Messins ont provoqué de plus en plus de pertes de balles lilloises et ont monté leur ligne de récupération de balle de plus en plus haut, ce qui a étouffé leur adversaire et fait disparaitre les joueurs clés, sevrés de ballon.

Les buts de Centonze (1-1, 32ème) et Udol (2-1, 42ème) sont d’ailleurs marqués lorsque le bloc messin était positionné plus haut et ce, grâce à des récupérations hautes.

 

2ème clé du match du FC Metz : La hauteur de positionnement de Sarr et des pistons Centonze et Delaine à la possession de balle

Lors des phases d’attaques placées, on a pu observer un FC Metz en difficulté technique dans la construction et amenant peu de danger lorsqu’il fallait repartir des 30 premiers mètres.

De nombreuses pertes de balle, adversaire ou passe en touche, n’ont pas permis de développer du jeu.

Cependant, et comme évoqué, dans le 1er chapitre, les récupérations hautes ont permis à certains joueurs de se positionner plus haut et donc de pousser les attaquants plus haut, et d’assurer une pression sur la défense centrale lilloise.

Le joueur clé du milieu de terrain messin était Pape Sarr.

Lorsque celui-ci était touché assez dans les 40 dernières mètres lillois, cela permettait de pousser Niane et Sabaly dans la surface de réparation de Jardim et surtout de faire monter les pistons Delaine et Centonze assez haut pour déjà être dangereux.

En effet, lorsque ces deux joueurs étaient trouvés proche de leur but, ils jouaient systématiquement en retrait et ne servaient à rien offensivement.

Le 1er but est l’illustration du rôle clé de ces 3 joueurs puisqu’à la suite d’une récupération haute, c’est Delaine qui, trouvé déjà très avancé par Pape Sarr, centrera pour Fabien Centonze qui apportera un surnombre dans la surface et marquera de la tête. (1-1, 32ème)

Sur le second but, c’est le positionnement de Pape Sarr qui va conditionner l’attitude et la montée d’Udol et de N’Doram.

En effet, au départ de l’action, on retrouve Sarr en position d’ailier gauche accompagné par Delaine.

L’espace laissé dans l’axe du terrain va pousser Matthieu Udol et Kévin N’Doram à sortir de leur zone de confort et apporter un surnombre qui va leur permettre d’amener leur série de passes en 1 touche de balle au bout. (2-1, 42ème, Udol).

Le fait qu’Udol (défenseur central) soit le buteur et N’Doram (sentinelle) soient le dernier passeur illustre encore une fois l’ambition messine de monter son bloc.

Le 3ème but messin résultant d’une bonne utilisation du flottement défensif lillois, il met surtout en avant la capacité qu’à eu Ibrahima Niane à être un point d’appui offensif.

Si l’avant-centre n’a pas eu un match facile, notamment défensivement sur le but de Botman (et le but refusé de B.André), son remplacement n’a pas été compensé par les remplaçants, Lenny Joseph et Mikautadze.

En effet, les second et troisième but lillois sont le fruit de pertes de balles très évitables des deux avant-centres messins (3-2, 81ème et 3-3, 97ème).

Mais ces pertes de balles ne doivent pas masquer le retour des lacunes défensives messines lorsque le bloc recule et notamment un côté droit très en difficulté.

 

Lille : Des temps faibles qui ne sont plus compensés par la force défensive = Différence par rapport à la saison du titre

Nouvelle saison, nouveau coach mais même système de jeu : Jocelyn Gourvennec proposait un 4-4-2.

On observait rapidement ce qui avait fait la force des Lillois la saison dernière et aussi lors du dernier Metz-Lille.

Des déplacements multiples et variés de la grande majorité des joueurs qui offraient assez de solutions de passes pour permettre de se sortir du pressing haut messin.

Face à des Messins moins rapides défensivement, on pouvait voir les ailiers Bamba et R.Sanches rentrer dans l’axe et réussir à se retourner pour trouver leurs attaquants.

Après le 1er but, lorsque les Lillois ont baissé d’intensité et que les Messins ont augmenté leur impact physique, on a pu constater que cette façon de procéder n’a plus fonctionné.

Une alternative a parfois été trouvé grâce à des une-deux déclenchés par les milieux centraux mais cela a rapidement été limitée.

Il a été très étonnant de ne pas voir une participation offensive des défenseurs latéraux lillois.

Cela aurait sûrement permis d’étirer le bloc messin et de calmer les ardeurs des pistons Delaine et Centonze qui ont débuté le match assez bas.

Ce qui est plus inquiétant du côté du LOSC, c’est de voir une équipe se faire retourner de cette façon et de perdre son liant au fur et à mesure que leur temps faible avançait dans le temps.

C’est ce collectif qui a été l’élément clé du titre lillois.

Ce qui n’a pas changé, cependant, c’est la force de caractère de certains joueurs qui ont permis d’équilibrer la perte de confiance de leurs coéquipiers.

On pense notamment à Yilmaz qui s’est battu jusqu’au bout et a offert l’égalisation aux siens sur un exploit personnel (3-3, 97ème).

On se rappellera aussi que le Turc aura provoqué l’expulsion de Kouyate.

Quoi qu’il en soit, on a pu constater qu’aujourd’hui, les championnats nationaux et autres compétitions internationales sont gagnées par des équipes collectives et fortes tactiquement, plus que par le talent pur.

Les Lillois ne pourront donc pas espérer garder leur titre en ayant des passages à vide aussi importants et surtout non compensés par leur capacité à être costauds défensivement.