PSG - REAL : L'analyse tactique
Soyons honnêtes et lucides pour commencer.
Qui n’a pas imaginé, dès le quart d’heure de jeu, que Paris sautait des deux pieds dans le plan carafe de l’équipe qui domine le match, qui ne marque pas, et qui se mangera un but sur corner ou pénalty en fin de match ?
Encore plus après le pénalty de Messi arrêté par Courtois…
Finalement, il y’a bien eu un but en fin de match, mais un but qui viendra récompenser une domination parisienne logique face à un Real très défensif.
Des Espagnols venus, semble-t-il, diminués pour limiter la casse dans ce match aller.
Carlo Ancelotti avait donc imaginé un bloc bas, laissant la possession au PSG, et avait misé sur des transitions rapides pour contrer les Parisiens.
Pochettino, lui, a bien laissé carte blanche aux attaques placées de ses joueurs, mais a eu la bonne idée d’utiliser une soupape de sécurité, en la personne de Danilo, au cas ou son contre-pressing ne fonctionnait pas.
Une double-lame qui a permis aux Parisiens de maintenir le curseur « prise de risque » élevé pendant tout le match.
A travers cette analyse, nous allons donc surtout détailler ce qu’ont mis en place, tactiquement, les deux coachs.
Au niveau du jeu offensif, nous avons eu le bonheur de regarder évoluer des joueurs assez talentueux pour évoluer librement et tirer le meilleur, instinctivement, de chaque ouverture.
REAL MADRID : UN PLAN DE JEU AVANT TOUT DEFENSIF…
Malheureusement pour nous, on a très peu vu le 4-3-3, en phase offensive, des joueurs de Carlo Ancelotti.
Le PSG ayant la possession pendant pratiquement tout le match, on observait donc la plupart du temps un Real en bloc bas en 4-5-1.
Une hauteur de bloc illustrée par le fait que Karim Benzema se positionnait toujours devant le ballon, au niveau des milieux parisiens.
On retrouve souvent ce choix de système de jeu et de hauteur de bloc lorsque l’on observe les matchs du PSG en Ligue 1.
En effet, ce choix tactique est majoritairement effectué par les coachs adverses d’équipes logiquement plus faibles sur le papier.
L’objectif premier d’Ancelotti était de mettre de la densité dans l’axe du terrain pour empêcher les passes verticales parisiennes entre les lignes.
Le PSG possédant des joueurs tous capables techniquement de créer des combinaisons de passes courtes à 1000 à l’heure, il est quasiment impossible, pour une défense d’arrêter ce type d’actions.
L’objectif du bloc madrilène était donc de pousser le jeu Parisien sur les côtés.
On a d’ailleurs souvent vu les actions parisiennes se déclencher au niveau des ailes via les défenseurs latéraux Nuno Mendes et Hakimi, mais aussi par Mbappé, venant souvent se déporter sur le côté gauche pour donner de la vitesse au ballon.
Pendant toute la rencontre, le Real a pu compter sur des défenseurs solides et performants dans leurs gestes et dans leur agressivité.
Si l’on prend le verre à moitié plein, on pourra dire que le Real n’a encaissé qu’un but sur les 21 tirs du PSG.
Si l’on prend le verre à moitié vide, on pourra dire que le Real a craqué en fin de match, et n’a tiré que 3 fois au but.
REAL MADRID : … AVEC L’OBJECTIF DE VITE SE PROJETER VERS L’AVANT
Avec la mise en place d’un bloc bas, Carlo Ancelotti imaginait donc provoquer une prise de risque offensive totale chez les Parisiens.
L’idée était donc de récupérer le ballon, dans les meilleurs conditions possibles (et le plus haut possible) pour réussir à rapidement se projeter vers le but de Donnarumma et profiter des espaces laissés par les attaques parisiennes.
Nous verrons dans le chapitre du PSG comment Pochettino a tué dans l’œuf cette idée grâce à sa 1ère lame « contre-pressing » et sa seconde lame Danilo.
Mais, ce qui a pénalisé le Real, c’est que les joueurs de Paris ont mis assez de qualité technique pour terminer la grande majorité de leurs attaques placées.
A partir de ce moment, il était quasiment impossible pour les Madrilènes de surprendre le PSG en repartant d’une remise en jeu effectuée par un 6 mètres, ou après un arrêt de Courtois.
On a donc très rarement vu le Real mettre en difficulté son adversaire en contre.
Les Espagnols ont eu de rares temps forts en fin de mi-temps, qui leur ont permis d’évoluer en attaques placées.
On a pu voir la participation des défenseurs latéraux qui ont fait reculer le bloc parisien et, à voir le comportement défensif des joueurs de Pochettino, on pourra se dire que, si les Madrilènes avaient réussi à multiplier ce type d’attaques, le score aurait pu être différent.
CLE TACTIQUE N°1 DU PSG : SON CONTRE PRESSING PERFORMANT
Comme évoqué plus haut, le PSG se voyait offrir, par son adversaire, la possession du ballon.
Il terminera ce match avec 58% de possession et 677 passes effectuées, tout en ayant passé des quarts d’heure de jeu à près de 65% de possession.
Comme à leur habitude dans ce cas de figure, les Parisiens ont donc pris beaucoup de risques offensivement en projetant, à chaque attaque placée, au moins 6 joueurs.
Le risque était donc de voir son adversaire récupérer le ballon dans de bonnes conditions et rapidement se projeter vers l’avant et profiter de la vitesse de Vinicius notamment.
Si le PSG a réussi à majoritairement mener ses actions placées jusqu’au bout (21 tirs) grâce à 91% de passes réussies, il a aussi été très performant dans le contre-pressing.
En cas de perte de balles dans le camp espagnol, on voyait 100% des joueurs défendre en avançant et mettre une pression immédiate sur le porteur du ballon madrilène.
Cela a permis aux Parisiens de tuer dans l’œuf les tentatives de contre du Real et donc d’appliquer une pression constante sur les Espagnols les empêchant de ressortir leur bloc.
Le PSG a donc pu appuyer sur le bloc adverse pendant 94 minutes, l’a contourné, l’a fissuré sans lui laisser le temps de se reformer et a réussi à bonifier ses efforts (1-0, M’Bappé, 94ème)
Si l’on prend le verre à moitié plein, on pourra dire que le PSG a gagné et aborde le match retour avec un but d’avance.
Si l’on prend le verre à moitié vide, on pourra dire qu’avec cette domination, 21 tirs dont un pénalty contre 3 tirs adverses, le PSG aurait pu tuer la double confrontation dès hier soir.
CLE TACTIQUE N°2 DU PSG : DANILO PEREIRA
Pas fou non plus, Mauricio Pochettino a eu la présence d’esprit de sécuriser défensivement son équipe en anticipant les récupérations du ballon de l’adversaire et la vitesse de ses attaquants.
Le danger n°1 identifié était donc l’ailier Vinicius Jr et sa vitesse de feu.
Pour empêcher les joueurs du Real, à la récupération, de trouver leur coéquipier, Pochettino a demandé à son milieu de terrain Danilo, de ne pas participer aux attaques placées de son équipe.
Dans ces phases de jeu, on observait donc le Portugais rester collé aux basques de Vinicius afin de le rendre indisponible en cas de relance madrilène.
On observait d’ailleurs la même chose chez le duo Kimpembe-Marquinhos dans la gestion de Benzema. L’idée était de ne pas laisser un cm de liberté en cas de contre-pressing raté.
La fameuse « seconde lame ».
Revenons au positionnement de Danilo.
Ce dernier permettait à Achraf Hakimi de se projeter très haut offensivement sans prendre le risque de découvrir son côté droit.
Défensivement, Danilo retrouvait l’axe du terrain lorsqu’Hakimi était replacé et reprenait son rôle de défenseur droit.
Le Portugais a donc très peu participé au jeu offensif de son équipe, remplissant parfaitement le rôle qui lui a été donné par son coach.
Pochettino a pu compter sur un vrai soldat, un joueur au service de son équipe, à qui on peut légitimement donner autant d’importance que le but de M’Bappé.
Un comportement essentiel dans la performance de tout « grand » club.