France 2-1 Côte d’Ivoire

 

A une semaine du tirage au sort de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, l’Equipe de France commençait sa prépa face à la Côte d’Ivoire.

Etant donné qu’à peu près le monde entier joue encore ses qualifs continentales, les Français se sont tournés, pour les deux prochains matchs, vers des adversaires du continent africain, continent ayant déjà fort réduit son nombre de prétendants au voyage au Qatar.

On attendait donc, face à l’Equipe de France, un adversaire théoriquement moins fort techniquement mais qui viendrait mettre de l’impact physique et de l’intensité dans les duels.

Le type de profil que les Français sont susceptibles retrouver dans leur phase de poule au Qatar.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Ivoiriens ont répondu présents physiquement mais aussi techniquement.

SI cela a régulièrement empêché les Français d’appliquer leur plan de jeu, il a aussi permis d’identifier des lacunes défensives, et mêmes offensives, qu’il est toujours mieux de pouvoir travailler 6 mois avant l’échéance qu’est la Coupe du Monde.

A travers cette analyse, on détaillera surtout la situation côté Français, mais le travail des joueurs de la Côte d’Ivoire sera mis en avant à chaque fois.

 

Equipe de France : Offensivement, commencer dans l’axe pour terminer sur les côtés.

Didier Deschamps proposait de nouveau son système de jeu en 5-3-2 que l’on avait déjà vu face au Kazakhstan.

Par ce système, on pouvait deviner l’importance du rôle des pistons, notamment dans leur participation offensive.

On identifiait rapidement le circuit de jeu recherché par les Français.

En phase de relance, lorsque le ballon transitait entre les 3 défenseurs centraux, on observait une volonté de trouver une première relance axiale au sol.

 

Les Ivoiriens ont eu l’ambition d’aller chercher haut les Français dans ces phases de jeu avec deux objectifs :

  • Gêner la relance à sa source et pousser à ce que celle-ci soit aérienne (et heureusement que la France a pu compter sur Giroud pour aller au combat)

 

  • Bloquer les deux milieux relayeurs, Pogba et Tchouameni, mis sous pression par Kessié et Sangaré

 

Pour appliquer le plan de jeu offensif de Deschamps (cette volonté de première relance axiale entre les lignes), il était donc nécessaire d’utiliser Griezmann et Nkunku qui, face à la seule sentinelle J-M Séri, se retrouvaient souvent démarqués.

Cette relance ayant éliminé les 5 joueurs offensifs ivoiriens, le ballon était décalé sur le côté vers un piston français profitant régulièrement du replacement défensif quasi inexistant des ailiers Zaha et surtout de Nicolas Pépé.

Le jeu portant souvent à droite, du côté de Coman théoriquement plus dangereux grâce à sa vitesse, on pouvait observer dans 99% des cas, que T.Hernandez était totalement seul à l’opposé grâce au manque de travail défensif de Pépé.

L’égalisation de Giroud en est l’illustration. (1-1, 22ème)

En effet, l’origine du but est un changement d’aile de Coman vers T.Hernandez, totalement isolé, qui aura le temps de frapper, de récupérer le ballon et de centrer vers Giroud.

Pendant tout ce temps, Nicolas Pépé se replaçait en marchant, courant seulement au moment où Hernandez recevait le ballon, de Pogba, pour centrer.

Pendant la majorité du match les Français ont appliqué ce seul plan de jeu.

Nkunku ayant un peu de mal à se situer, Griezmann ayant rapidement disparu de la circulation, on a vu Olivier Giroud décrocher un peu plus souvent en seconde période.

Si on imagine que Benzema et M’Bappé pourront apporter encore plus de mouvement et de vitesse dans ce type d’attaque placée, on aurait aimé voir des alternatives à cette façon de jouer, et un peu plus d’influence de Pogba, surtout lorsque les Ivoiriens ont commencé à pêcher au niveau physique.

 

Equipe de France : Défensivement, deux points à améliorer.

 

  1. Le (contre)pressing collectif

 

Comme évoqué en introduction, les Ivoiriens ne sont pas venus au Vélodrome pour ne mettre que des tampons et envoyer de longs ballons.

Les Eléphants ont en l’ambition de toujours relancer proprement de derrière.

Ils ont mis la rigueur nécessaire pour réussir, quasiment à chaque fois, à trouver une première relance réussie.

Mais ces derniers ont aussi été aidés par un bloc Français qui n’a jamais appliqué de pressing collectif.

Aucun joueur n’a pris responsabilité de déclencher quelque chose.

On observait beaucoup trop de Bleus effectuer une course individuelle, qui n’avait pas de lien avec celle du coéquipier.

On voyait donc des Français commencer leur déplacement défensif avec une ou deux secondes de retard sur un porteur de balle ivoirien qui avait le temps de contrôler et passer le ballon.

Si le retard défensif du bloc Français restait léger, il permettait tout de même aux Ivoiriens d’atteindre leurs ailiers qui, grâce à leur vitesse, faisaient beaucoup de mal en 1 contre 1.

On pense notamment au 1er but du match et le fait que ce n’était pas la 1ère fois que Nicolas Pépé avait la possibilité d’arriver lancé, en 1 contre 1 face, à L.Hernandez.

Après avoir gâché quelques occasions, le Gunner profitait d’un Lloris trop loin de son 1er poteau pour ouvrir le score. (1-0, 19ème)

Malgré toute leur rigueur technique, on identifiait bien l’importance des prises de risques des joueurs ivoiriens à chaque phase de relance.

Aussi, à la perte de balle des Français, on aurait aimé voir un contre-pressing immédiat de leur part.

Cela aurait permis de tuer dans l’œuf la confiance accumulée par leurs adversaires.

Celle-ci leur a permis d’avoir de longues phases de conservation de balle et donc trop de temps forts.

Notons que la possession du ballon a été quasi égale (FR : 51% / CIV : 49%).

Dans un match amical, cette statistique compte peu, mais lors d’un match à enjeu, comme en Coupe du Monde, la gestion des temps forts adverses se fait beaucoup plus sous pression.

 

  • 2) La gestion des décrochages des attaquants ivoiriens de la part des 3 défenseurs centraux

 

On notera que ce second problème est une conséquence du premier.

 

En effet, une fois que les Ivoiriens réussissaient à ressortir le ballon, ils recherchaient :

  • A passer sur les côtés via la connexion entre le défenseur latéral et son ailier

 

  • A trouver un attaquant via un décrochage

 

Dans le cas du décrochage, on observait que l’attaquant ivoirien trouvé avait, quasiment à chaque fois, la possibilité de se retourner car il n’était pas suivi par l’un des 3 défenseurs centraux.

On ressentait une sorte de crainte de la part de la part de Koundé, Varane et Hernandez à sortir de leur ligne.

Pourtant, on les retrouvait en difficulté dans la gestion des appels des deux autres attaquants.

Les Français semblaient avoir du mal à communiquer pour se « passer » les joueurs adverses lorsque ceux-ci se déplaçaient dans la zone de leurs coéquipiers de défense.

Finalement, depuis un petit moment, les joueurs de l’Equipe de France semblent avoir du mal à communiquer et défendre ensemble, ce qui fragilise le bloc équipe.

 

Ce bloc a été la clé de leur titre de Champions du Monde 2018 et, lorsque l’on observe les vainqueurs des dernières grandes compétitions :

  • Chelsea – Champions League

 

  • Italie – Euro

 

On peut affirmer qu’un collectif défensif fort est la base du succès d’une équipe.

Les leaders capables de diriger le collectif français sont moins performants, donc plus concentrés sur leur jeu (Varane, Lloris, Pogba, Griezmann).

Les joueurs plus « jeunes » n’ont pas forcément cette capacité à être leader, voire l’envie de l’être.

Dans tous les cas, il sera important d’arriver au Qatar avec une balance « niveau défensif/niveau offensif » la plus équilibrée possible afin de ne pas se retrouver dans la même situation que le match de l’Euro 2020 contre la Suisse.