Deuxième match de préparation de la Coupe du Monde 2022 pour l’Equipe de France face à une Afrique du Sud, apparemment, en pleine reconstruction.

Plutôt que d’analyser seulement cette rencontre « facile », nous allons aussi en profiter pour faire un bilan global de la trêve internationale des Français.

Les plus et les moins, les satisfactions et les axes prioritaires à travailler (pour ne pas dire inquiétudes) à 7 mois du Qatar.

Une fois n’est pas coutume, nous commencerons par les points positifs car en ce moment, être positif, ça ne fait pas de mal.

 

Point + : Parmi les sénateurs… des mecs qui ont la dalle !

Si ce type de rassemblement permet à Didier Deschamps de réunir un groupe, de travailler un système de jeu qui, semble-t-il, sera le 5-3-2, il donne aussi l’occasion au coach de faire venir, voire d’intégrer, de « nouveaux » joueurs.

En effet, que ce soit à cause de joueurs non-performants en club, blessés (maintenant que les saisons comptent environ 3 millions de matchs) ou qui tapent leurs animaux de compagnie, Deschamps doit s’adapter et donc intégrer des joueurs « novices » au niveau international.

Evidemment, on pense tout de suite à Jonathan Clauss qui, sur son côté droit, a amené de l’énergie et de l’envie.

Une option sérieusement envisageable pour Didier Deschamps entre Kingsley Coman qui n’a pas de formation défensive et Leo Dubois beaucoup plus défenseur qu’attaquant.

Finalement, le Lensois est l’un des rares défenseurs latéraux français à travailler la semaine et évoluer le week-end dans un rôle de piston.

Etant donné la fébrilité (on y reviendra) de sa charnière centrale, on a du mal à imaginer que Deschamps puisse se passer d’un piston sachant défendre lors de matchs à enjeux contre des équipes plus fortes que l’Afrique du Sud.

Et on a vu l’été dernier que la liste des équipes « plus fortes » comporte déjà des profils comme la  Hongrie.

On a aussi vu un Mike Maignan très propre pour sa 1ère, les Marseillais Saliba et Guendouzi vraiment légitimes.

Et enfin, un Olivier Giroud prenant les minutes de jeu qu’on lui donne pour montrer que c’est un vrai buteur et qu’il est essentiel dans un groupe.

Dans tous les cas, cela fait plaisir de voir des joueurs amenant de la folie et de l’envie dans un groupe dont la concurrence n’est clairement plus le maître-mot depuis le titre de 2018.

On ressent très bien que la grosse majorité des joueurs que l’on a vus lors de ce rassemblement représente les cadres de Deschamps (cadres légitimes après la campagne en Russie et la Ligue des Nations) mais on sait aussi que la non-concurrence peut gangrener une équipe qui a des objectifs.

 

Point + : Des individualités, valeurs sûres, capables de porter l’équipe.

On en avait déjà eu un aperçu cette saison au PSG.

On savait Kylian M’Bappé capable de porter, offensivement, une équipe ayant l’objectif de devenir championne d’Europe.

Il est donc logique de penser que le Parisien pourrait porter sur ses épaules l’attaque de l’Equipe de France et gagner les matchs tout seul.

Contre l’Afrique du Sud, le match semblait trop facile pour lui par moments.

Il est descendu chercher le ballon plus bas sur le terrain et ça tombe bien, il a fait le boulot d’un Griezmann ne remplissant pas sa mission de meneur de jeu.

Il a dribblé, il a poussé le ballon et accéléré comme un U13 qui fait déjà 1m80 avec des cuisses grosses comme le corps de ses copains.

Bref, quand il est comme ça, M’Bappé retourne un bloc adverse à lui tout seul et libère donc ses coéquipiers du marquage.

Jusqu’à ce qu’il devienne aussi détestable à chambrer, à simuler et à essayer de mettre son triplé, M’Bappé est capable de gagner un match à lui tout seul et on préfère l’avoir chez nous que chez les autres.

Mardi soir, on a aussi eu le plaisir de retrouver le N’Golo Kanté de Chelsea qui dépasse ses fonctions de milieu de terrain défensif.

Pendant les 30 premières minutes, on l’a senti timide et sur la retenue faisant le strict minimum.

Mais dès qu’il a lâché les chevaux, on l’a vu récupérer le ballon et se projeter vers l’avant pour reproposer une solution et, comme M’Bappé, faire le job de Griezmann.

Ce genre de comportement, de dépassement de fonction, qui créera des décalages dans le bloc adverse, permettant de libérer le piston à l’opposé, par exemple, ou bien de laisser de l’espace à ses attaquants pour prendre de la vitesse.

 

Point – : Des pressings et contre-pressings sous-performants, une incapacité criante à défendre collectivement.

Ce point avait déjà été relevé dans l’analyse du match contre la Côte d’Ivoire.

En effet, les Bleus n’avaient appliqué aucun pressing, ni contre-pressing, sur les Eléphants leur permettant de réussir la majorité de leurs sorties de balle.

Dès les premières minutes du match de Mardi contre l’Afrique du Sud, on a pu observer que Deschamps avait passé les consignes de mettre la pression la relance d’une équipe normalement plus faible techniquement que la Côte d’Ivoire.

Et, encore une fois, les Bleus n’ont pratiquement jamais réussi à récupérer le ballon grâce à un pressing, ou contre-pressing, réussi.

On a vraiment pu constater que les Français ont un collectif défensif trop faible pour bien appliquer ce type de défense.

En effet, si un joueur déclenche quelque chose, il n’est jamais suivi, dans le même temps, par ses coéquipiers.

Des contre-temps défensifs qui créent des décalages dans le bloc et qui éliminent, en 2 ou 3 passes, 6 à 7 joueurs bleus.

A partir de ce moment, on a vu les Sud-Africains réussir, et ce malgré un certain déchet technique, à ressortir proprement leurs ballons vers leurs 3 attaquants restés hauts sur le terrain et donc en 1 contre 1 face aux 3 défenseurs centraux français.

Si on peut penser que, face à des équipes plus fortes sur le papier, l’Equipe de France n’évoluera pas avec un bloc pressant haut l’adversaire, on peut tout de même se demander ce qu’il se serait passé Mardi soir si, en plus de leur vitesse supérieure, les attaquants Sud-Africains avaient été moins maladroits.

Car, et ce sera le deuxième point négatif, la défense de l’Equipe de France parait bien moins souveraine qu’avant et ne semble pas en mesure de subir les attaques d’un adversaire, tout un match, avec un bloc bas sans encaisser de but.

 

Point – : Une défense centrale en difficulté

Que cela soit contre la Côte d’Ivoire ou contre l’Afrique du Sud, les lignes de 3 défenseurs centraux proposées par Deschamps ont été en difficulté par leurs adversaires directs sur le terrain.

Pour commencer, le dénominateur commun qu’est Raphaël Varane a semblé jouer blessé, souvent pris de vitesse et incapable de compenser ce déficit, avec son placement, comme il savait le faire à Lens, au Real et en Equipe de France.

On se souviendra de cette intervention ratée sur un attaquant d’Afrique du Sud où il a choisi d’essayer de couper l’action d’un coup d’épaule (raté lui aussi) plutôt que de contrôler le joueur.

Une faute « signal » d’un moins bien qui semble durer depuis un bon moment maintenant et que l’on sentait déjà à l’Euro 2020.

Même si Varane est un excellent joueur, on peut se demander si, en tant que vice-capitaine et donc titulaire indiscutable, la défense française tiendra le choc face à des « gros » adversaires.

Dans la gestion défensive collective, on a vu des trios (Kounde-Varane-Hernandez et Saliba-Varane-Kimpembe) en difficulté.

On a observé des difficultés à communiquer pour se passer le marquage des attaquants changeant de zones de jeu lors des attaques placées et lors des contres.

Aussi, et notamment Mardi soir, lorsque l’Afrique du Sud réussissait à relancer rapidement sur l’un des attaquants, ce dernier obtenait quasi-systématiquement une faute totalement évitable d’un défenseur central français.

Le joueur illustrant ce type de faute a été Kimpembe, coutumier du fait au PSG qui, sur un joueur esseulé, ira commettre une faute permettant au bloc adverse de gagner 50 mètres d’un coup, au lieu d’isoler le joueur et de récupérer le ballon.

Au-delà de casser le jeu, concéder des coups de pieds arrêtés peut vite se transformer en punition et transformer un match « facile » en match traquenard.

On illustrera ce type de situation par le nombre de fautes concédées par les Français, 15 fautes contre 11 pour l’adversaire, bien trop important lorsqu’on a une possession de balle de 62%.

Les Français doivent absolument reconsolider leur base défensive car ils vont rencontrer des équipes capables d’éteindre leur ligne d’attaque et prêtes à punir la moindre erreur défensive.

Cela évitera de vivre un nouveau France-Suisse au Qatar.