Villarreal 2-3 Liverpool

 

Après un match aller compliqué à Anfield, on attendait avec impatience de voir la réaction tactique d’Unai Emery, obligatoire étant donné que son équipe avait 2 buts de retard sur son adversaire.

Comment le technicien espagnol allait-il adapter un système sur lequel son équipe a basé ses victoires contre la Juve et le Bayern ?

Quelques ajustements tactiques et les changements de ses attaquants auront donné, à Villarreal, le droit de rêver mais surtout de bouger Liverpool, ce qui n’est pas arrivé souvent cette saison.

Nous allons analyser ce qu’Emery a mis en place tactiquement.

Un système demandant beaucoup d’énergie, qui aura fait craquer ses joueurs physiquement dès la 46ème, mais obligatoire face à cette machine qu’est Liverpool.

Les Reds, eux, ont eu du mal face à la pression mise d’entrée par les Espagnols.

Rapidement menés, le pressing et l’intensité mise par Villarreal ne leur ont pas donné le temps de se reprendre en main grâce à des phases de possession.

Les duels étaient perdus et les passes étaient moins précises, ce qui leur a couté deux buts.

Malgré tout, Klopp a maintenu sa ligne de conduite tant bien que mal en 1ère période, mais aussi en seconde : Possession du ballon, largeur, contre-pressing.

Cela a payé une fois que Villarreal a baissé physiquement et reculé son bloc.

Comme au match aller, Liverpool a su bonifier ses temps forts en marquant deux buts très rapprochés qui ont assommé, pour de bon cette fois, leurs adversaires.

 

Qu’a changé Unai Emery, par rapport au match aller, et pourquoi cela a-t-il fonctionné ?

Si le coach espagnol a maintenu un système de jeu en 4-4-2, comme à l’aller, l’utilisation et le rôle de certains joueurs ont été sensiblement différents et ont apporté une vraie plus-value à leur équipe.

Premièrement, on avait noté le match raté des deux attaquants et, ce Mardi, Emery les a remplacés par deux nouveaux joueurs, Dia et Moreno.

Si Dia a ouvert le score, on notera surtout leur implication dans le jeu de leur équipe.

Déjà, dans la recherche d’un pressing haut, on connait l’importance des attaquants qui sont les premiers défenseurs de leur bloc et qui déclenchent souvent la montée de leurs coéquipiers.

A ce niveau, Dia et Moreno ont tiré leur bloc vers le haut et ont posé de gros problèmes à Liverpool.

L’ouverture du score (1-0, 3ème, Dia) est d’ailleurs le fruit d’un pressing et d’une récupération haute.

Cette prise de risque et la hauteur de bloc sera payante puisqu’elle permettra un surnombre et donc une phase de construction dans le camp de Liverpool.

Elle permettra surtout aux Espagnols de terminer nombreux dans la surface d’Alisson.

Toujours au niveau défensif, la hauteur de bloc a aussi permis de mettre la pression sur Fabinho, ce qui n’avait pas été le cas au match aller.

En effet, les attaquants espagnols se positionnaient devant lui et le laissaient déclencher une relance qui faisait souvent mal.

On pouvait observer que c’était Parejo qui était chargé de sortir de sa ligne, alors que Capoue, Coquelin et Lo Celso mettaient de la densité dans l’axe.

Défensivement, on pouvait alors observer un milieu en losange.

Le pressing et le milieu « bouché » par les Espagnols forçaient les Anglais à relancer long et aller au duel avec les grands défenseurs espagnols.

Offensivement, on a pu observer un changement important dans le plan de jeu d’Emery.

Face à un milieu anglais composé de 3 joueurs, Fabinho-Keita-Thiago, on voyait une constante recherche de supériorité numérique rendue possible par les déplacements axiaux des milieux latéraux Coquelin et Lo Celso, et parfois le décrochage de Moreno, dans le dos du milieu des Reds.

Contrairement au match aller, cela a offert des solutions de 1ère relance verticale qui ont permis de casser le pressing adverse et d’éliminer d’un coup 4 à 5 joueurs anglais.

Forcément, cela a calmé les prises de risques défensives de Liverpool et a fait reculer son bloc.

Ces déplacements ont marqué des dépassements de fonction de la part des joueurs espagnols que l’on n’avait pas vu au match aller.

Le second but en est d’ailleurs l’illustration puisque le passeur décisif, et milieu défensif, Etienne Capoue aura été trouvé en position de milieu droit par un jeu long.

Le Français avait effectué ce déplacement pour compenser la course axiale de son milieu latéral Lo Celso.

Le centre trouvera, au second poteau, un Francis Coquelin arrivant lancé de sa position de milieu. (2-0, 41ème)

Villarreal a donc effectué une première mi-temps quasi-parfaite.

Malheureusement, celle-ci a demandé une grosse débauche d’énergie à ses joueurs qui n’ont pas réussi à maintenir cette intensité en seconde période.

On a tout de suite observé un bloc plus bas, moins de pressing et du retard dans les courses défensives.

Face à une équipe comme Liverpool, laisser la possession est très risqué et les Espagnols n’ont pas tenu le coup.

2 buts encaissés comme au match aller, en très peu de temps, qui sont venus assommer pour de bon les joueurs d’Emery.

 

Liverpool : Une même ligne de conduite pendant deux mi-temps totalement différentes.

Jurgen Klopp proposait son classique 4-3-3 avec un triangle pointe basse, Fabinho.

Comme évoqué plus haut, les Reds ont été gênés par l’intensité et la hauteur du bloc des Espagnols.

La 1ère mi-temps et les buts encaissés ont surtout mis en avant le fait que les Anglais ont été un cran en-dessous au niveau technique et dans l’agressivité défensive.

Le déficit technique inhabituel n’a pas permis aux Reds, en 1ère mi-temps, de se sortir du pressing haut de Villarreal.

Aussi, les Anglais n’ont pas pu compter sur des phases de possession qui leur auraient permis de souffler, de reprendre un peu la main sur le match et calmer les ardeurs adverses.

En seconde période, Klopp a changé la pointe de son triangle et l’a remonté.

Il a positionné Keita très proche de ses attaquants afin d’offrir un relais entre le milieu espagnol et sa défense.

Thiago est souvent redescendu à hauteur de Fabinho pour être le second déclencheur d’attaques placées, ce qui a permis au Brésilien de se projeter un peu plus vers l’avant.

Cela lui aura d’ailleurs permis de marquer le 1er but de son équipe (2-1, 62ème) après avoir apporté un surnombre dans une défense espagnole moins mobile qu’en 1ère mi-temps et donc déstabilisée par les dépassements de fonctions de joueurs adverses.

Le positionnement très axial des deux milieux latéraux de Villarreal permettait aux joueurs de couloir, Robertson et Alexander-Arnold d’être très disponible le long de leur ligne de touche.

Si, en première période, les Coquelin et Lo Celso réussissaient à coulisser vers ces deux joueurs sur le temps de passe, en 2ème mi-temps, cela a été plus compliqué.

Sur le second but, on constate qu’Alexander-Arnold peut déclencher son centre trop tranquillement et trouver L.Diaz au second poteau. (2-2, 67ème)

La 1ère mi-temps nous a permis de voir une défense de Liverpool inhabituellement en difficulté.

Si cela était dû en grande partie à la performance des joueurs de Villarreal, on a observé que les Anglais avaient quasiment un temps de retard sur chaque passe, chaque déplacement défensif, ce qui n’aidait pas dans leur objectif de contre-pressing et favorisait les combinaisons adverses.

A ce niveau, même pour Liverpool, des retards qui coûtent des buts, surtout lorsque l’on ajoute à ce moins bien collectif, quelques défaillances individuelles.

On pense notamment au second but de Villarreal et à cette attitude défensive d’Alexander-Arnold qui voit arriver Coquelin, mais ne va pas au duel avec le Français.