Chelsea - LOSC : L'analyse tactique
Chelsea 2-0 Lille
Encore 2 matchs avant la fin des phases de poules de cette Champions League, on n’avait clairement pas vu venir la 1ère place du groupe du LOSC.
Et même si les Lillois avaient eu un peu de chance au tirage, leur parcours ne nous réjouissait pas.
Les hommes de Gourvennec ont fait le taff et ont gagné le droit de continuer l’aventure, de prendre une belle enveloppe de la part de l’UEFA et des droits TV.
Ils avaient aussi gagné le droit de recevoir au match retour de leur 8ème et, potentiellement, celui de tomber sur un 2ème de son groupe, moins « ogre » qu’un City ou qu’un Bayern.
Et voilà que le tirage culte de ces 8èmes offrait à Lille le tenant du titre et même le Champion du Monde des Clubs.
Plus que ce statut de l’adversaire, le LOSC est tombé sur une équipe de Chelsea qui fait sa force sur :
- la discipline tactique
- une majorité de joueurs qui font parfaitement le boulot que l’on attend d’eux et pas plus
- une attaque supersonique
- un milieu central au-dessus du lot
Simplement, la différence avec tous les gros clubs européens, c’est que les Blues réussissent à battre leurs adversaires sans produire beaucoup de jeu.
La recette de Tuchel est toujours la même, mais elle fonctionne.
Et hier soir, elle a encore permis de battre un LOSC faisant jeu égal dans la possession, tirant plus de fois au but, mais pas assez au niveau pour ne pas se faire punir par leur adversaire.
A travers cette analyse, nous verrons ce que les Lillois ont mis en place pour poser des soucis à Chelsea, ce qui a tout de même bien fonctionné.
Nous verrons également le plan de jeu des Blues et les éléments de la partition qui ont permis à ces derniers de terminer le match avec la victoire sans encaisser de buts.
LILLE : L’importance d’un pressing haut réussi.
Dès la 1ère minute de jeu, on a pu observer les intentions du coach Gourvennec, celui d’aller chercher haut les Blues en appliquant un pressing immédiat.
Et dès la 1ère minute de jeu, on a compris que si les Lillois ne réussissaient pas à s’accorder collectivement pour réussir leur pressing, ils seraient punis.
En effet, sur cette action de jeu, on a pu voir la force des Blues lorsqu’ils réussissent leur première relance sous pression.
Chelsea possède, en effet, une ligne d’attaquants techniques et très rapides.
Assez pour opérer des transitions offensives irrattrapables pour un bloc défensif en retard.
Revenons au pressing, ambitieux face à un tel adversaire, du LOSC.
Avec un système en 4-2-3-1, voire dans certains cas en 4-4-2, ce pressing engageait logiquement la projection haute sur le terrain de la paire de milieux défensifs Xeka-Benjamin André.
Ces déplacements créaient donc un espace important entre leurs 4 défenseurs et leurs milieux de terrain.
Une équipe coupée en deux et une gestion compliquée pour 4 défenseurs bien moins rapides que les 3 attaquants anglais.
L’espace créé était souvent parfaitement utilisé par les attaquants Blues qui décrochaient, souvent peu suivis par des défenseurs craintifs et sur le reculoir, et mettaient la vitesse qu’il fallait pour faire la différence et créer le danger quasiment à chaque fois.
Finalement, face à un Chelsea se nourrissant de la moindre faiblesse de ses adversaires, le LOSC était donc obligé d’être irréprochable dans le pressing.
Et on ne peut pas dire que les Lillois n’aient pas été au rendez-vous à ce niveau.
Après avoir mis 15 minutes à rentrer dans leur match, subissant des actions chaudes dont une amenant le corner de l’ouverture du score (1-0, 8ème, Havertz), les joueurs de Gourvennec ont mis assez d’agressivité pour récupérer de plus en plus de ballons, de plus en plus haut sur le terrain.
Ouvrons une petite parenthèse sur ce corner.
Il est regrettable de gâcher, aussi vite, un plan de jeu aussi pertinent sur une phase de jeu arrêtée à cause d’un manque d’agressivité.
A ce moment, on a pu observer la réaction de Chelsea qui reculait son bloc, un peu comme une tortue rentrant dans sa carapace pour se protéger.
Mais, le souci d’une carapace de tortue, c’est qu’elle est quasi incassable.
Et les Lillois n’ont pas réussi à convertir leurs temps forts, pénalisés par un manque de justesse technique bien trop important pour terminer correctement leurs actions.
Le second but de Chelsea en est l’illustration puisqu’il arrivera à la fin d’une importante période de possession lilloise, amenant l’une des rares participations du latéral droit, Celik.
La perte de balle de ce dernier, sur une passe trop hasardeuse face à Chelsea, va permettre aux Blues de faire ce qu’ils font de mieux : la transition offensive, en 3 passes et 8 secondes.
Les Lillois ont pourtant fait un bon match, on ne peut pas dire qu’ils n’ont pas respecté le plan de jeu de leur coach.
Mais ils ont donné à Chelsea juste ce qu’il fallait défensivement pour leur permettre de marquer et pas assez offensivement pour marquer un but à Edouard Mendy.
Le genre de match frustrant qui te fait dire que tu aurais pu le gagner.
Mais qu’en fait tu t’es fait posséder du début à la fin, comme à peu près toutes les équipes qui jouent Chelsea.
Bref, le haut niveau quoi.
Chelsea : Même mis en difficulté, des basiques efficaces et N’Golo Kanté
Premier League, Championnat du Monde, Champions League, peu importe le match, Thomas Tuchel a une recette et la tient quoi qu’il arrive.
Est-ce qu’un resto qui propose une carte avec peu de plats ne nous assure pas qualité et fraicheur dans nos assiettes ?
Le coach allemand proposait donc son 5-2-3 avec ses soldats défenseurs et sa fameuse paire de milieux défensifs Kanté-Kovacic.
Avant de parler de ses transitions rapides offensives, nous pourrons préciser que les Blues ont tout de même eu un peu de mal à créer du jeu en phase d’attaques placées.
Lorsque le bloc lillois était en place, assez bas, on a vu les Anglais faire de nombreuses passes latérales et tenter au maximum d’utiliser leurs pistons Azpilicueta et Marcos Alonso pour étirer les lignes lilloises.
Malgré quelques centres dangereux, ces attaques placées sont rarement arrivées jusqu’au bout tant les Blues ne sont pas vraiment à l’aise dans la production de jeu.
On peut même se demander pourquoi Gourvennec n’a pas choisi de subir, pour lui aussi, profiter d’attaquants plus rapides dans des transitions offensives rapides.
Chelsea a su être efficace en ouvrant le score en début de match.
Plus en difficulté face à des Lillois agressifs et forts dans la récupération de balle, les Blues ont descendu leur bloc, à certains moments du match, et ont profité d’une défense et d’un gardien forts.
Malgré un nombre de passes et une possession très proches des Lillois, 15 tirs subis, on a rarement senti les joueurs de Chelsea en difficulté défensive.
A la perte de balle lilloise, on observait les tentatives de 1ère relance de la part des défenseurs anglais tentant de se sortir du contre-pressing adverse.
Lorsque cela ne fonctionnait pas, les Blues ne se privaient pas pour dégager le ballon le plus loin possible, ce qui est aussi permis dans les matchs de haut niveau.
Finalement, Chelsea a attendu la brèche Lilloise, évoquée en fin de chapitre précédent, pour utiliser parfaitement la transition offensive grâce à 3 éléments d’importance égale :
- La qualité technique de ses défenseurs qui se sont sortis du contre-pressing grâce à une série de passes courtes
- La plus-value de Kanté qui va s’éloigner de Xeka dès la perte du ballon de Celik, ce qui va lui permettre de recevoir et porter le ballon sur 70 mètres
- La vitesse des 3 attaquants et la finition de Pulisic
Back to basics pour un Chelsea qui terminera le match sans essayer de le tuer, laissant les remplaçants Lillois ne pas apporter plus que leurs coéquipiers totalement assomés.
Une équipe de Chelsea si forte tactiquement que l’on a du mal à imaginer le LOSC retourner la situation dans 3 semaines.
Mais on est pressé d’y être malgré tout !