Liverpool 0-1 Real Madrid

 

C’est une fois par an et c’est trop peu !

Ni les supporters bourrés, ni les supporters sans tickets, ni même les deux, n’ont gâché la fête d’un match de haut niveau.

Même le grain de sel des grévistes de la RATP a glissé sur le talent des joueurs.

On était curieux de voir si Jürgen Klopp allait garder ses valeurs d’intensité offensive, de prise de risque dans le pressing et le contre-pressing.

Force est de constater que l’Allemand ne s’est pas renié et a proposé, face au Real en finale de Champions League, ce qu’il propose face à Wolverhampton en Premier League.

On attendait aussi de voir, comment le Real allait gérer un match sec, s’il allait maintenir cette volonté de défendre bas, de subir et de tenter d’enfoncer la moindre porte entrouverte par l’adversaire.

Chaque équipe a joué sur ses valeurs et a essayé d’appuyer sur les failles de son adversaire.

Les Anglais ont dominé les Espagnols mais n’ont pas réussi à convertir leurs nombreux temps forts, la faute à leur inefficacité mais aussi et surtout à Thibault Courtois.

Les joueurs du Real ont respecté les consignes défensives de leur coach.

Aussi, chaque prise de risque offensive d’un joueur, qui n’était ni Benzema ni VInicius, était compensée.

Les Madrilènes ont gagné ce match grâce à leur énorme qualité technique qui leur a permis de se sortir de l’intensité du pressing anglais et donc d’avoir une influence non négligeable sur le rythme du match.

Le Real a tout de même réussi à avoir 46% de possession du ballon !

Une influence hyper importante pour ne pas être étouffés par la pression constante mise par les Reds.

 

Liverpool : Intensité maximale, prises de risques offensives et donc défensives avec des espaces dans le dos de leurs défenseurs latéraux.

 

Jürgen Klopp proposait son classique 4-3-3 avec Fabinho en pointe basse du milieu.

D’entrée de jeu, on a reconnu « son Liverpool » très haut sur le terrain, mettant beaucoup de pression sur le porteur de balle du Real et appliquant un contre-pressing à la perte de balle.

A la 10ème minute de jeu, le 1er temps fort des Anglais a démarré grâce à deux récupérations hautes, à la suite de prises de risques trop importantes des Espagnols dans la relance.

Dans ces deux situations, comme dans l’ensemble du match, les Anglais ne les ont pas convertis et c’est que qui aura causé leur perte.

Offensivement aussi, avec une participation importante des latéraux, Alexander-Arnold et Robertson, appuyés par chaque relayeur qu’étaient Thiago Alcantara et Henderson.

Avec leur ailier respectif, on observait la formation quasi-automatique de triangles sur les côtés qui débouchaient souvent sur des centres voire la frappe de l’ailier repiquant dans l’axe.

C’est pour cela que Klopp place ses ailiers du côté de leur pied « faible », pour leur permettre de frapper de leur pied fort après être rentré vers l’intérieur.

Après le 1er temps fort et l’utilisation des côtés, les Reds ont appuyé sur leur autre force, les décrochages des attaquants entre la défense et le milieu adverses.

On a pu voir ce type d’action à la 20ème minute avec le placement intelligent de Mané dans le dos de Casemiro.

Mané réussissait à se retourner et enchainer une frappe encore une fois sortie par Courtois.

Le Sénégalais et ses collègues profitaient du fait que la défense centrale espagnole ne suivait jamais leurs décrochages.

Les prises de risques offensives et le bloc haut des Reds leur ont logiquement apporté de la domination dans ce match.

Seulement, ils payent une inefficacité offensive trop importante, 9 tirs cadrés sur 24, qui les a constamment laissés à portée de tir d’un Real encore plus en maitrise que d’habitude en Champions League.

 

Real Madrid : Une grosse discipline défensive bonifiée par leur maitrise technique de grande classe appuyant sur les points faibles de Liverpool et notamment le dos de Robertson et Arnold.

Carlo Ancelotti proposait également du « classique ».

Un 4-3-3 se transformant souvent en 4-4-2 avec un milieu en losange dont la pointe haute était Valverde.

On a vu un Real évoluer dans un bloc bas, avec l’alignement de la ligne défensive sur les 16 mètres.

Cette hauteur de bloc laissait donc la liberté aux milieux anglais de déclencher leurs actions.

Lorsque les Reds passaient par les côtés, on observait le respect, de Vinicius et Valverde, des consignes défensives d’Ancelotti de ne pas laisser leurs défenseurs latéraux en 1 contre 1 face aux rapides Salah et Diaz.

Lorsque les Anglais trouvaient des passes verticales vers le décrochage des attaquants, le fait que ces derniers ne soient suivis ni par Militao ni par Alaba mettaient tout le monde en difficulté.

Finalement, lorsque les Reds arrivaient au bout de leurs actions, les Madrilènes pouvaient compter sur leur gardien de but.

Offensivement, on voyait qu’Ancelotti souhaitait insister sur les points faibles de Liverpool et notamment les espaces créés par les prises de risques des défenseurs et milieux anglais.

Face à un gros pressing adverse, le Real réussissait à aspirer de plus en plus haut le bloc des Reds en conservant le ballon.

Le tour de force des Espagnols a été de réussir à faire cela lors des temps forts de Liverpool.

Pour les calmer, les joueurs du Real jouaient long, à la fin de ces phases de conservation, pour faire reculer le bloc anglais.

Cette capacité à garder le ballon et cette aspiration de l’adversaire permettaient notamment de créer des espaces, dans le dos des latéraux Arnold et Robertson, pouvant être utilisés par les rapides Vinicius Jr, Valverde, Carvajal…

Le but du match illustre parfaitement cette force du Real avec une nouvelle sortie de balle sur une touche de Mendy dans le camp espagnol.

Cette phase de conservation a permis de profiter de chacune des prises de risques effectuées par les Anglais dans leurs déplacements défensifs.

La projection de Robertson, libérant son côté gauche, a permis aux Madrilènes de créer un décalage grâce à une passe vers Valverde.

L’Uruguayen a pu porter le ballon et surtout provoquer Van Dijk en l’absence de Robertson.

Voyant arriver le dédoublement de Carvajal, le Hollandais a choisi de rester en recul-frein et donc permis à Valverder d’enclencher un centre-tir.

Centre-tir qui terminera dans le dos d’Alexander-Arnold, comme souvent ces derniers temps dans le cas de l’Anglais, maillon faible de son équipe lors de cette finale.

Ce but viendra aussi récompenser le respect des consignes défensives, comme rarement chez lui, de Vinicius Jr. (0-1, 59ème)

Comme depuis le début de sa campagne européenne de matchs à élimination directe, le Real a semblé inférieur à son adversaire.

Mais, une nouvelle fois, les joueurs et le staff ont pu compter les uns sur les autres.

Chaque élément a fait sa part du boulot, voire un peu plus, et on n’a jamais eu la sensation d’avoir un maillon plus faible qu’il soit titulaire ou remplaçant.

Les clés d’une victoire dans un tournoi ne sont pas les mêmes que dans un championnat étalé sur toute une saison.

Et clairement, si le Real a semblé en difficulté face à tous ses adversaires, il a été le seul à posséder ces clés pour gagner sa 14ème Ligue des Champions.