Liverpool - Villarreal : L'analyse tactique
Liverpool 2-0 Villarreal
S’il est tout sauf surprenant de retrouver Liverpool à ce stade de la compétition, on était ravi de voir Villarreal se présenter à Andfield.
Après avoir éliminé la Juve et le Bayern, les hommes d’Emery avaient bien prouvé leur légitimité à se retrouver en demi-finales de Champions League.
Bien évidemment, le plan de jeu du coach espagnol a été disséqué depuis la qualification contre Munich et on s’attendait donc à voir comment Villarreal allait l’appliquer face aux Reds.
En face, on se doute que Jurgen Klopp avait bien préparé les siens à contrer le plan des Espagnols et s’était assuré de ne pas les prendre par-dessus la jambe comme le coach du Bayern.
On a donc pu voir des joueurs de Liverpool sérieux et appliqués qui ont forcément eu la possession du ballon et qui ont fait en sorte, à la perte de celui-ci, d’empêcher ce qui fait la force de Villarreal, la transition rapide offensive.
Villarreal a donc tenté d’appliquer la recette qui a fonctionné lors des deux derniers matchs : bloc bas, récupération et transition offensive rapide.
Mais, face à un Liverpool qui a sans doute été la 1ère équipe de cette phase à élimination directe à les respecter autant, il a été compliqué pour les Espagnols de s’en sortir.
On a senti certains joueurs moins bien physiquement et mentalement, mais aussi d’autres qui ont semblé éteints par l’ambiance d’Anfield.
Cela nous a prouvé qu’à ce niveau, Villarreal ne pouvait appliquer son plan de jeu qu’avec des joueurs à 100% de leurs capacités, ce qui, ce Mercredi, n’a pas été le cas.
Quel a été le plan de jeu de Villarreal et qu’est ce qui n’a pas marché ?
Unai Emery proposait un système en 4-4-2.
En phase défensive, le 4-4-2 était positionné en bloc bas si bien que les deux attaquants espagnols se positionnaient devant Fabinho, sentinelle des Reds.
On observait alors 3 lignes bien resserrées pour empêcher les Anglais de trouver des passes verticales entre les lignes.
Aussi, on pouvait voir les milieux latéraux, Coquelin et Lo Celso, resserrer automatiquement vers l’axe pour mettre beaucoup de densité dans cette zone du terrain.
Emery assumait donc de libérer les défenseurs latéraux Alexander-Arnold et Robertson, sur les côtés.
Coquelin et Lo Celso réussissaient à se déplacer dans le temps de passe pour aller serrer 2 pistons anglais.
On a rapidement senti que les Reds allaient être sérieux et appliqués dans leurs phases d’attaques placées et que le bloc de Villarreal allait devoir être performant pour ne pas plier.
Mine de rien, les joueurs d’Emery ont tenu bon en 1ère mi-temps et ont même pu récupérer des ballons.
En revanche, ils n’ont pas réussi à utiliser ces récupérations pour mettre en difficulté leurs adversaires.
Déjà, récupérer un ballon et repartir de ses 15 mètres face à un gros pressing adverse est compliqué.
Aussi, on revient au fait que certains leaders techniques du milieu de terrain n’étaient pas dans leur meilleur jour.
Dans la majorité des cas, les milieux de terrains n’ont pas réussi à se rendre disponibles pour être trouvés dans le cadre d’une première relance verticale qui élimine à chaque fois 4 à 5 joueurs adverses en train de presser.
Les tentatives de relais se sont souvent soldées par des récupérations hautes anglaises et donc par du danger.
C’est donc le jeu long qui a été privilégié.
Dans ce cas de figure, à Villarreal, on peut observer le déplacement des 2 attaquants, Groeneveld et Chukwueze, vers l’extérieur du terrain pour permettre à leurs coéquipiers d’aller les trouver au sol ou par du jeu aérien.
Ces zones de jeu sont choisies afin de permettre aux deux attaquants d’aller au duel avec Robertson et A-Arnold, plutôt qu’avec Van Dijk et Konaté, histoire d’avoir un peu plus de chances de conserver le ballon pour attendre le soutien des collègues.
Sur ce coup, si les deux joueurs de Villarreal ont été bien muselés, on les a sentis, eux aussi, moins performants dans leurs courses, leurs gestes techniques et cela n’a pas aidé.
Villarreal n’a donc pas pu compter sur la possibilité d’avoir quelques temps de possession de balle qui auraient pu leur donner un peu d’air et de calmer les phases de domination de Liverpool.
On le sent au niveau des chiffres : 26% de possession, seulement 271 passes effectuées.
Liverpool : Une grosse maitrise dans la possession du ballon, forts dans le contre-pressing, bref, un match sérieux nécessaire face à cet adversaire.
Jurgen Klopp proposait son classique 4-3-3 avec son milieu en triangle pointe basse.
Par les 3 joueurs composant ce milieu, on comprenait que Klopp cherchait à avoir de la maitrise technique et du mouvement.
On note par exemple la présence de Thiago Alcantara, plus joueur et plus fin, plutôt que Naby Keita, mettant plus d’impact physique.
Comme évoqué plus haut, les Anglais ont prouvé qu’ils s’étaient bien préparés en étant présents au niveau du pressing et du contre-pressing.
Un plan de jeu défensif sérieux qui leur a permis d’empêcher le plus possible les Espagnols de relancer court et surtout de gagner des duels aériens qui auront permis de les tenir éloignés du but d’Alisson.
Villarreal n’aura d’ailleurs tiré une seule fois au but en 93 minutes de jeu.
Offensivement, les Reds auront bien préparé leurs attaques placées avec ce qu’ils proposent chaque week-end : des milieux relayeurs actifs avec beaucoup de mouvements et des défenseurs latéraux très offensifs.
Face à un bloc espagnol compact, on aura seulement vu la 1ère frappe de loin effectuée à la 42ème.
L’utilisation des côtés amènera le 1er but puisque l’action démarrant à gauche terminera à l’opposé après 2 passes rapides et surtout un dédoublement de Jordan Henderson.
La vitesse de transmission de balle couplée au déplacement d’Henderson permettra de créer un mini-décalage victorieux (1-0, 53ème, CSC)
On évoquait plus haut le choix de Klopp dans la composition de son milieu de terrain et on a pu voir que les dépassements de fonction d’Henderson ont permis à son équipe de bouger le bloc adverse.
Le second but arrivera rapidement et, encore une fois, sera le fruit d’un décalage causé, cette fois, par la blessure d’un joueur espagnol.
En effet, Coquelin ne pouvant plus effectuer son rôle défensif dans le bloc-équipe, ce même bloc s’est retrouvé déséquilibré.
Et pour la première fois, les Reds ont pu enchainer deux passes verticales de suite dans les 30 derniers mètres de l’axe de Villarreal : A-Arnold -> Salah -> Mané
Et les Anglais ont su sauter sur l’occasion pour doubler le score et assommer leurs adversaires. (2-0, 56ème, Mané)
Face à un tel bloc défensif adverse, on ne pouvait pas s’attendre à un match aussi débridé que la rencontre entre City et le Real.
Liverpool a livré un match sérieux avec une défense faisant le job et des offensifs mettant de la qualité et répétant les efforts pour faire craquer la défense adverse.
Le score de 2-0 reflète donc bien cette performance et on attend de voir la prise de risque de Villarreal pour rattraper ces deux buts d’écarts au match retour.