Manchester City 1 – 0 Atletico Madrid

 

Très étonnamment, on assistait à la 1ère rencontre de ces deux clubs sur un terrain.

Pourtant, on pouvait très tôt deviner le scénario du match tant on connait la façon de fonctionner des coachs et de leurs joueurs.

Ce qui devait arriver arriva, on a vu un City avec la possession, appliquer et appuyer sur ses circuits préférentiels de jeu, ses triangles sur les côtés.

Et un Atletico proposer un bloc très bas, très serré, avec beaucoup de densité dans l’axe du terrain, user la patience de son adversaire pour jouer à fond ses transitions offensives.

Si Guardiola laisse beaucoup d’autonomie à ses joueurs, Simeone, en gardant son bloc bas, a tout de même modifié 3 fois en 45 minutes sa façon de défendre.

A travers cette analyse, nous allons présenter les plans de jeu des deux coachs.

Plans de jeu appliqués du début à la fin et, donc, une vraie bataille d’idées pendant une heure puisqu’aucun d’entre eux n’a changé sa stratégie.

Les 6 changements effectués entre la 60ème et la 70ème vont alors modifier le cours du match.

 

Manchester City : Avec la possession de balle, l’application des ses circuits de jeu préférentiels à en user l’adversaire, sans pour autant oublier la discipline défensive

Pep Guardiola proposait un classique 4-3-3 avec un petit coup de bluff sur la feuille de match : faire jouer deux défenseurs centraux gauchers.

Il n’en était, évidemment, rien et Aké évoluait bien à gauche.

Face au bloc bas de l’Atletico, Manchester évoluait avec une possession de balle importante. (71% et 695 passes au coup de sifflet final)

City procédait donc à des attaques placées et appliquait ses circuits préférentiels avec des triangles formés sur les côtés entre le défenseur latéral (Aké à gauche et Cancelo à droite), le milieu relayeur (Gündogan à gauche et De Bruyne à droite) et l’ailier (Sterling à gauche et Mahrez à droite).

A gauche, on voyait plutôt un travail de passes et de déplacements entre les joueurs.

A droite, Riyad Mahrez collait la ligne et déclenchait les actions en provoquant l’adversaire direct.

City prenait bien son temps pour préparer ses actions. On voyait même les défenseurs centraux, Stones et Laporte, monter d’un cran et déclencher les attaques placées.

Face à un bloc adverse aussi serré, et malgré une qualité technique bien présente (90% de passes réussies), les joueurs de City avaient beaucoup de mal à créer des décalages dans l’axe du terrain et étaient obligés de passer par les côtés pour arriver dans la surface d’Oblak.

Le souci principal de la solution « centre devant le but » venait du déficit de taille évident des attaquants de City face aux grands défenseurs centraux de l’Atletico.

Aussi, les décrochages persistants de Bernardo Silva, avant-centre du jour, ne remplissaient pas l’objectif de créer des combinaisons et des décalages dans le bloc espagnol.

Pis, le déplacement de B.Silva enlevait toute pression sur les 3 défenseurs centraux de l’Atletico qui pouvaient se concentrer à 100% sur le fait de couvrir leurs latéraux et de se couvrir eux-mêmes.

Finalement, et tant bien que mal, les Espagnols réussissaient à gérer un jeu assez stéréotypé de la part des Citizens.

Avec autant de possession de balle, le danger identifié, pour les Anglais, était la gestion de la perte de balle et l’opportunité de transition offensive de l’adversaire.

Pour pallier cela, les joueurs de Guardiola appliquaient un contre-pressing immédiat avec le double objectif d’empêcher le contre de l’Atletico et surtout de récupérer le ballon haut et au milieu d’un bloc un peu désorganisé.

Si les Citizens n’ont pas réussi à bonifier les quelques récupérations hautes, cette discipline défensive leur a surtout permis, hormis 2 ou 3 erreurs, d’éteindre les ambitions offensives de l’adversaire.

Un Atletico puisant donc beaucoup d’énergie physique à défendre, mais aussi mentale à ne pas se donner un peu d’oxygène avec un peu de possession de balle.

 

Les 2 objectifs du bloc bas de l’Atletico : Densifier l’axe pour forcer les centres adverses et aspirer City pour permettre des transitions offensives

Diego Simeone arrivait donc à l’Etihad Stadium avec une défense à 5 et un milieu central à 3 joueurs, soit pas moins de 6 joueurs dans l’axe du terrain.

Ajoutez à cela une ligne défensive placée à 25 mètres de ses buts et, 5 mètres devant elle, sa ligne de milieux.

L’objectif du coach argentin était donc clair : empêcher les Anglais de passer par l’axe du terrain et de leur permettre, via les relais que sont Gündogan, De Bruyne voire B.Silva, de combiner.

 

City, emmené sur les côtés, opérait donc avec ses triangles évoqués plus haut :

  • Cancelo-De Bruyne-Mahrez

 

  • Ake- Gundogan – Sterling

 

La hauteur de bloc de l’Atletico permettait à ses défenseurs d’éliminer l’option du déplacement habituel d’un joueur anglais dans le dos du défenseur latéral qui monte défendre sur l’ailier de City.

Alors, les Madrilènes réussissaient à provoquer un centre, de la part de leur adversaire, qui était géré facilement par la défense centrale ayant à contrôler une faible présence offensive de la part des Anglais et surtout leur déficit de taille dans la surface.

Pendant les 20 premières minutes, Madrid évoluait en 5-3-2 avec Joao Felix et Griezmann placés en attaque.

Lors des récupérations de balle forcément basses, l’objectif était de trouver, en une passe longue, l’un de ces deux joueurs qui, avec son compère, était obligé de se débrouiller pour conserver le ballon et surtout avancer vers le but d’Ederson.

Face à des Anglais supérieurs en nombre, disciplinés et forts dans l’impact, la conservation était impossible sans la projection et le soutien des milieux centraux.

Simeone modifiait alors son bloc et passait en 5-5-0 en faisant redescendre Joao Felix et Griezmann à la hauteur de leurs 3 milieux centraux.

Si ce repositionnement aspirait encore plus City, il permettait plus de proximité entre les Espagnols après leur 1ère relance et donc plus de joueurs concernés dans la transition offensive.

L’illustration de l’objectif de ce changement tactique a été le contre de la 37ème minute puisque sur une rentrée de touche très basse sur le terrain, les Espagnols ont réussi à aspirer les Citizens encore plus haut grâce à de justes enchainements de passes courtes, une relance verticale et une déviation à l’opposé sur Llorente… sifflé hors-jeu.

Ce type d’action caractérise bien le match offensif de l’Atletico qui a surtout gâché ses peu nombreuses opportunités de contres par des hors-jeux concédés ou des erreurs techniques.

 

Entre la 60ème et la 70ème minute : l’influence importante des changements sur le cours du match

On le sait, la tactique défensive de Diego Simeone est extrêmement exigeante au niveau physique et frustrante mentalement pour certains joueurs.

A la 60ème minute, le coach argentin a procédé à 3 changements d’un coup en remplaçant 3 joueurs performants tactiquement, dont son capitaine.

Le danger de ce genre de décision (malheureusement obligatoire compte tenu de l’état physique des joueurs) est de déséquilibrer un bloc titulaire ayant travaillé la tactique du coach pendant la semaine et donc 100% concerné par la causerie.

On attendait donc de voir si les 3 joueurs entrants allaient s’aligner tactiquement et mentalement sur les titulaires remplacés.

 

Force est de constater que non :

  • Cunha n’a pas mis de pression sur Rodri, comme le faisait Griezmann.

 

  • Angel Correa n’a pas été aussi discipliné que Llorente, et aurait même pu prendre un carton rouge complètement abruti.

 

  • De Paul n’a pas réussi à avoir la double influence défensive-offensive de son capitaine Koke.

 

Cette désorganisation, couplée à la fatigue des titulaires, n’a pas favorisé l’Atletico Madrid qui a un peu perdu les qualités qui lui faisaient tenir debout dans ce match.

 

A la 68ème, Guardiola a également décidé de faire 3 changements en modifiant notamment sa ligne d’attaque :

  • Grealish et Foden sur les postes d’ailiers.

 

  • Gabriel Jesus en position de « vrai » avant-centre, plus vrai que B.Silva.

 

A ce niveau, Foden et Jesus vont faire la différence.

A la différence de B.Silva, Gabriel Jesus va se positionner dans l’axe et, enfin, concerner défensivement la défense centrale espagnole

Phil Foden, quant à lui, va attaquer différemment de Mahrez.

L’Anglais venait se positionner d’une manière plus axiale, offrant le couloir à son latéral Joao Cancelo.

 

Sur l’action du but mancunien, on voit bien l’influence de ces deux joueurs qui a permis, pour la seule fois du match, de permettre à De Bruyne de plonger derrière la défense :

  • Foden a reçu une passe verticale entre les lignes grâce à un positionnement « entre deux » qui a mis en retard deux joueurs peu habitués à défendre ensemble dans cette zone du terrain – Lodi et Joao Felix.

 

  • Sur le contrôle, Foden a donc forcé le défenseur central Reinildo à sortir de sa ligne, quitter son marquage sur de Bruyne et créer un espace dans son dos.

 

  • Cet espace, dans lequel a plongé De Bruyne, n’a pas été compensé par les autres défenseurs centraux car ils étaient accaparés par la gestion défensive de Gabriel Jesus.

 

Pour le coup, il aura suffi d’une fenêtre de tir à moitié ouverte pour permettre à City de punir son adversaire et de prendre une option sur la qualification en demi-finale. (1-0, De Bruyne, 70ème)

 

Une nouvelle fois, dans ce type de rencontre aussi tendu tactiquement, on observe de nouveau l’importance des remplaçants :

  • Leur implication dans la préparation du match.

 

  • Leur écoute et leur respect des consignes présentées aux titulaires.

 

  • Leur état d’esprit.

 

On constate que ceci fait aussi partie des « détails » sur lesquels se joue ce type de rencontre.