Manchester City 2-2 Liverpool

 

Depuis quelques temps, les médias se posent la question de savoir si les matchs entre Man City et Liverpool sont devenus des derbys et, si oui, ces derbys sont les plus importants du pays.

Plus que le derby de Manchester ? Plus qu’un Liverpool-Everton ? Plus qu’un Arsenal-Tottenham ?

Et pourquoi pas ?

Pourquoi un derby ne serait-il pas désigné comme tel parce que les deux équipes sont d’un niveau extraordinaire et non parce qu’elles sont voisines de quelques kilomètres (même si Manchester et Liverpool sont distantes d’à peine 55 km) ?

N’est-ce pas mieux qu’un derby qui s’est inventé une rivalité dans les médias, qui rend les équipes tendues et improductives et les supporters sombrement abrutis ?

En tout cas, peu importe le statut de ce Man City-Liverpool d’hier après-midi, ce match nous a donné tout ce qu’on attendait à nous, amateurs de football.

Du rythme, du talent, du suspense, de l’agressivité.

Il a commencé fort, il a continué sur ce rythme et a fini fort.

On a eu la chance de voir deux équipes qui ont cette capacité à se nourrir des erreurs de l’adversaire et c’est peut-être pour cela que l’on a vu de la prudence dans les blocs de chaque équipe.

Mais, avec un Liverpool moins bien en 1ère mi-temps, le match a vite été lancé par City et ce pour notre plus grand bonheur.

Malgré tout, Liverpool a su limiter la casse et coller aux basques de son adversaire.

Les Reds ont profité de la mi-temps pour se remettre à l’endroit, et notamment son milieu de terrain.

A travers cette analyse, nous allons voir les clés de ce grand match de football.

Finalement, des clés tactiques basiques mais qui, avec une telle intensité, font la différence dans ce genre de rencontre.

 

1ère clé tactique : Le jeu à l’opposé, le travail des joueurs de côté.

Chaque équipe évoluait dans un système de jeu qui lui est propre, le 4-3-3.

La petite différence venait de la pointe qui était haute (De Bruyne) chez City et basse (Fabinho) chez Liverpool.

On pouvait constater que chaque équipe avait mis de la densité dans l’axe, dans son bloc défensif.

On observait donc rapidement le jeu de chacune d’entre elles porté sur les côtés et la création habituelle de triangles, carrés, permettant des enchainements de passes.

Cette zone d’échange attirant un maximum de joueurs défensifs adverses, on constatait que le défenseur latéral, dont l’équipe était en possession, était souvent seul et disponible.

Cette solution était quasi automatiquement recherchée par les équipes et, parfois même, à l’aveugle tant cela avait été identifié et travaillé par les coachs.

Si les deux buts de Manchester City sont le fruit d’une agressivité supérieure à celle de leur adversaire, les buts de Liverpool ont pour origine un renversement de jeu sur le latéral droit Alexander-Arnold.

Notamment sur la 1ère égalisation (1-1, 13ème, Jota), où un premier jeu long est envoyé vers A.Arnold puis un renvoi de la défense de City vers Robertson, l’autre latéral.

L’Ecossais enverra un nouveau centre au 2ème poteau vers Arnold, ayant continué son action, amenant le surnombre et donc démarqué, qui remisera pour le buteur Jota.

Ce but met aussi en avant l’importance du travail défensif des ailiers de chaque équipe qui, normalement, doit empêcher l’influence offensive des défenseurs latéraux.

Sur le but de Jota, on constate que Phil Foden est deux fois en retard sur Alexander Arnold.

Dans l’introduction, on a soulevé le fait que les équipes se nourrissaient des moindres erreurs de l’adversaire.

Et, dans ce cas, il aura suffi d’un manque de replacement de Foden pour que les Reds, dans le dur, égalisent.

Globalement, les ailiers n’ont pas vraiment bossé défensivement et, lorsque les latéraux recevaient le ballon seuls, on observait que ce sont les défenseurs latéraux adverses qui devaient monter leur mettre la pression.

Ce type de déplacement libère un espace dans leur dos qui offre de la profondeur et dans lequel les attaquants de chaque équipe ont l’habitude de plonger.

On a vu de nombreuses situations, où la profondeur a été prise, qui ont apporté un danger dans la surface d’Alisson et d’Ederson.

Notamment, sur les coups de pieds arrêtés où l’on observait une défense placée très haut et un gardien placé sur sa ligne.

 

2ème clé du match : La sérénité défensive des équipes.

Cette clé concerne surtout Liverpool.

Très tôt dans le match, on a senti un gros manque de sérénité dans la défense des Reds qui a affecté leur impact dans les duels.

Cela s’est illustré, dans les 10 premières minutes, par la relation Van Dijk-Alisson.

On a notamment vu le capitaine Van Dijk intervenir sur des jeux longs, avec la tête, alors qu’il aurait pu laisser le ballon à son gardien.

Cela montre des signes extérieurs, sans connaitre la vie du groupe bien sûr, de manque de communication voire de confiance entre les deux joueurs.

Sur l’ouverture du score, on observe que le coup franc joué rapidement est le fruit d’un second ballon récupéré à la suite d’un renvoi de la tête « évitable » de Van Dijk. (1-0, 5ème, De Bruyne)

Cette relation un peu cassée entre un capitaine et son gardien, habituels leaders de leur équipe, a installé un vrai flottement défensif du côté de Liverpool.

Une mauvaise période dont City s’est nourri.

Malgré l’ouverture du score, on a senti une certaine prudence dans les phases d’attaques des Citizens en début de match.

Mais les signes de fébrilité défensive des Reds ont donné l’occasion aux joueurs de Guardiola de monter leur bloc pour appliquer un pressing, et un contre-pressing à la perte de balle, qui n’étaient peut-être pas forcément prévus si tôt dans le match.

Une hauteur d’équipe qui a poussé le bloc de Liverpool vers son but et qui a favorisé notamment le fait de gagner les 2èmes ballons dans le camp des Reds.

Sur le second but de City, on voit que sur le renvoi de Matip sur corner, le ballon est récupéré et centré sereinement vers Jesus qui profite d’une remontée de la défense des Reds et d’une erreur défensive d’Alexander Arnold. (2-1, 37ème, G.Jesus)

 

3ème clé tactique : La bataille du milieu de terrain.

Lorsque l’on regarde ces deux équipes, on se régale assurément au niveau du jeu.

City et Liverpool possèdent, dans toutes leurs lignes, des joueurs qui font partie des tous meilleurs du monde à leur poste.

Ce dimanche, on a notamment vu l’importance et l’influence de leurs milieux de terrain.

Du côté du milieu de City, on a observé un triangle pointe haute avec deux milieux disponibles pour relayer le ballon, Rodri et B.Silva.

Kevin de Bruyne, lui, cherchait à se positionner entre les défenseurs adverses et leurs milieux, toujours hors du champ de vision de la sentinelle Fabinho.

On voit d’ailleurs que, sur le 1er but, le Belge est trouvé, dans cette position, avec assez de liberté pour enclencher sa frappe victorieuse.

Pendant tout le match, les milieux de terrain de City ont rempli leur rôle offensif et ont su gagner beaucoup de duels dans le camp adverse, ce qui a permis de nombreuses de récupérations de balle et le succès de leur contre-pressing.

Ils ont dominé leurs adversaires pendant la 1ère mi-temps.

Au retour des vestiaires, on a senti que Jürgen Klopp avait remis à l’endroit son équipe, ses joueurs et son bloc.

Pendant les 45 premières minutes, le milieu de terrain était très peu utilisé par les Reds qui cherchaient trop rapidement à toucher leurs attaquants après avoir récupéré, bas, le ballon.

Le ballon était donc vite perdu et cela ne permettait pas aux joueurs de Liverpool de profiter d’un peu de possession du ballon, de casser le rythme de City et regagner en sérénité.

Le bloc des Reds restait donc bas et on voyait les milieux de terrains « entassés » sur leurs défenseurs, ce qui ne permettait pas de gagner les seconds ballons, ni de donner le soutien nécessaire à leurs attaquants.

Dès la 46ème minute, on observait les bénéfices de la hauteur du bloc remonté de Liverpool puisque la passe décisive, vers Salah, était rendue possible par un 2ème ballon enfin gagné par le milieu de terrain Henderson, placé 15 mètres plus haut qu’en première mi-temps. (2-2, 46ème, Salah)

Klopp a changé la formation de son bloc, en phase défensive.

 

Il est passé dans un 4-1-4-1 qui a permis de :

  • Placer les ailiers Salah et Mané plus bas et proches des latéraux offensifs de City.

 

  • Mettre plus de pression sur la première relance des défs centraux de City grâce à un pressing de Jota et la montée d’un milieu de terrain (Henderson ou Thiago).

 

Ce changement tactique a posé des difficultés à City dans la production de son jeu.

Il a permis, aux Reds, de récupérer plus de ballons.

Aussi, les joueurs de Liverpool ont eu la bonne idée de conserver le ballon, après leurs récupérations, en utilisant leurs milieux de terrain.

Cela a recréé la prudence dans le camp de Manchester City et a permis aux Reds de remonter leur bloc.

A partir de là, on a retrouvé un match équilibré et ouvert qui nous a offert de nombreuses phases d’attaques placées, des contres, du jeu, bref… la vie !