Newcastle 4-1 PSG : L'analyse tactique
Newcastle 4-1 PSG
20 après sa dernière participation, Newcastle et St James Park retrouvaient la Champions League en recevant le PSG.
Je vous laisse le temps de vous souvenir où et qui vous étiez, ce que vous faisiez il y’a 20 ans.
On avait pas les mêmes problèmes, c’est sûr !
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on a senti que cet évènement faisait plaisir aux supporters anglais tant l’hymne de la compétition était inaudible, caché sous les chants de tout un stade.
Chants, cris et bruits constants de la première à la dernière seconde.
Et, pour qu’une fête soit réussie, il faut de bons invités. Le PSG aura été ce bon pote venu pour s’assurer que la soirée soit une réussite.
Bref, il faut avouer que les joueurs de Newcastle ont su être dignes de leur public en retournant totalement un adversaire qui ne s’attendait sûrement pas à se faire bouger comme ça.
Ce qui a fait la différence, c’est que même si les Anglais donnaient l’impression de partir dans tous les sens, le timing de leur pressing combiné à une vraie justesse technique à la récupération de balle provoquaient pratiquement à chaque fois de vrais dégâts dans le camp parisien.
Nous analyserons donc le plan de jeu du coach Eddie Howe dont le système en 4-5-1 a permis d’orienter le jeu du PSG comme il l’entendait.
Côté adversaire, nous verrons ce qui a manqué aux Parisiens pour répondre au défi imposé par Newcastle et seulement cela.
Puisqu’il semble que Luis Enrique se fonde dans le moule du profil d’entraineur du PSG de ces dernières années, celui de mourir avec ses idées et de ne rien changer pendant un match même lorsque son équipe coule à pic dès la 20ème minute.
Newcastle : Un système en 4-5-1 servant de base au plan de jeu du coach Howe
Par son système de jeu et face au 4-2-4 proposé par Luis Enrique, le coach de Newcastle s’adaptait à son adversaire.
Avec un milieu central renforcé et composé de 3 joueurs, Newcastle se donnait un surnombre systématique contre les deux milieux parisiens Ugarte et Zaïre-Emery.
Ainsi, les Anglais coupaient les relations de jeu habituelles des Parisiens via leurs 2 milieux relayeurs.
On observait alors les joueurs du PSG orienter leurs relances sur les ailes en faisant travailler les binômes Hakimi-Dembele à droite et Hernandez-M’Bappé (ou Kolo Muani) à gauche.
Ici aussi, le milieu à 5 de Eddie Howe permettait à ses milieux de terrains centraux d’aller aider leurs défenseurs latéraux.
En effet, lorsqu’un Dembélé ou M’Bappé, éliminait un joueur adverse par un dribble, immédiatement, il se retrouvait face à un autre joueur de Newcastle et ne pouvait profiter d’un éventuel décalage créé.
Logiquement, les Parisiens n’arrivaient pas à enchainer des séries de passes après décalage, ce qui est souvent la clé de leur réussite.
Newcastle réussissait donc à semer le doute dans l’esprit des joueurs du PSG en leur montrant que leur plan de jeu habituel ne fonctionnerait pas.
On observait donc une possession parisienne stérile, des temps de préparation longs et surtout de nombreuses passes vers l’arrière de la part des milieux et défenseurs visiteurs.
C’est à ce moment précis que le pressing des joueurs de Newcastle était déclenché.
Lorsque les Parisiens avaient le ballon, hors de leurs 40 mètres, on observait le 4-5-1 anglais bien en place.
Au moment ou le PSG effectuait la première passe vers l’arrière, le bloc remontait.
Et au moment de la seconde passe vers un défenseur, voire vers Donnarumma, le pressing était déclenché par le joueur le plus proche du ballon et, surtout, il était suivi par tous ses coéquipiers.
Dans le moins pire des cas, ce pressing poussait les Parisiens à relancer long et permettre aux Anglais de récupérer le ballon dans leur camp.
Dans le meilleur des cas, et c’est ce qui s’est passé à la 17ème minute, Newcastle récupérait une relance complétement manquée de Marquinhos, remplaçant l’ami Verratti dans ce type de relance chaotique.
Les Anglais récupéraient donc le ballon haut sur le terrain et terminaient leur action, en surnombre, par un but d’Almiron.
Cette ouverture du score récompensait donc les 20 premières minutes hyper intensives des joueurs de Hope.
S’il était impossible physiquement de maintenir ce type de pressing, les joueurs de Newcastle laissaient un peu plus la possession du ballon aux Parisiens, mais gardaient la même discipline et surtout la même agressivité, ce qui contrariait toujours autant leur adversaire qui ne réussissait pratiquement pas à se créer d’occasions franches.
Les Magpies auront appliqué leur principe de pressing à chaque début de mi-temps pendant 15 à 20 minutes, et seront récompensés de deux buts.
Pour le reste, ils ont gagné un match dont ils n’étaient clairement pas favoris, en appliquant des choses simples, mais faites avec une intensité et une discipline de très haut niveau de la 1ère à la dernière seconde.
Des clés de match communes à toutes les rencontres remportées par des outsiders face à de grosses équipes.
Lorsque tu remportes un match 4-1 avec 26% de possession, ce n’est pas un coup de chance.
PSG : Trop peu dans tous les secteurs de jeu
Ce Mardi, à St James Park, on a revu le PSG que l’on déteste voir jouer avec des marqueurs clés qui ont été les bâtons pour se faire battre :
- 74% de possession et 3 fois plus de passes que l’adversaire et qui n’en a rien fait malgré 87% de passes réussies
- 2 frappes cadrées sur 11
- Un déficit d’intensité criant mais plus de cartons jaunes que l’adversaire
Un PSG qui tremble lorsqu’il est contrarié par l’adversaire, celui qui ne trouve pas de solutions parce qu’il n’en cherche pas et qui fait la gueule, celui qui essaye de casser un mur en fonçant dedans tête la première au lieu d’essayer de le contourner.
Avec un 4-2-4 plus souvent vu sur console qu’en vrai, Luis Enrique proposait un système de jeu clairement basé sur la possession pour mettre la pression sur un adversaire supposé craintif.
Premièrement, ce qui a fait défaut au PSG, c’est le manque d’alternatives à l’impossibilité de toucher les relayeurs Ugarte et Zaïre-Emery sur la première relance.
On a attendu, pratiquement tout le match, de voir l’un des 4 attaquants dépasser sa fonction et venir se positionner près de ces deux joueurs et donc proposer une solution de passe verticale.
Et pourtant, le but d’Hernandez sera le fruit d’un dépassement de fonction, l’un des rares effectués d’un joueur parisien lors de cette rencontre.
Logiquement, et comme évoqué dans le premier chapitre, on voyait trop de passes faites vers l’arrière, trop de touches de balles avant de déclencher une relance.
Et, en face, on avait un bloc anglais qui grattait chaque mètre du terrain vers l’avant et qui déclenchait un pressing dévastateur, à chaque fois, au bon moment.
Le PSG a d’abord été puni sur des erreurs causées par leurs adversaires.
Mais il a aussi sabordé son match par de mauvaises attitudes et un manque de qualité criant dans tous les secteurs de jeu.
Sur chaque but anglais, un défaut d’attitude :
- 1-0 : Au moment de la frappe repoussée par Donnarumma, on oberve Marquinhos complètement à l’arrêt, comme si il avait abandonné l’idée que sa perte de balle ne serait pas punie
- 2-0 : Pensant que le joueur de Newcastle a fait une main, de nombreux joueurs s’arrêtent et râlent alors que l’action continue dans la surface du PSG. Le buteur marque de la tête en mangeant Skrinjar recruté pour gagner ce type de duel plutôt que pour sa vitesse
- 3-0 : Une seconde passe simple perdue en moins d’une minute, amenant un 2 contre Hakimi qui ne sera pas aidé par le replacement défensif inexistant de M’Bappé, compensé par Ugarte qui libèrera la zone dans laquelle le buteur déclenchera sa frappe
- 4-1 : Perte de balle de Ramos se faisant bouger à 40m de son but. Le Portugais choisira de s’étirer l’ischio sur place alors que le buteur continuera son action et terminera par une frappe dans la lucarne.
Si le PSG a donc eu un défaut d’attitude, que l’on pensait guéri avec les départs de Neymar, Messi et Verratti, il s’est aussi mis des bâtons dans les roues par des erreurs techniques sur des passes simples.
Des erreurs qui ne peuvent pas être faites lorsque l’on espère exister en Champions League, quelque soit l’adversaire.
On parle de la relance, passe deç mauvais pied, de Marquinhos, mais aussi de passes simples perdues après les rares décalages créés dans le bloc anglais et permettant aux Magpies d’avoir les secondes nécessaires pour reformer leur 4-5-1.
Aussi, le manque de vitesse dans la préparation des attaques placées que les Parisiens se sont évertués à essayer de mettre en place, à 80 mètres du but de Hope.
Mais avec autant de passes latérales, en retrait, après 5 ou 6 touches de balles, impossible de surprendre l’adversaire.
Et, même pendant les quelques temps forts surtout obtenus lorsque les Anglais baissaient leur curseur d’intensité, les pertes de balles simples parisiennes venaient gâcher le peu de choses mises en place.
Pire, une énième perte de balle leur coûtait même un 4ème but.
Pour terminer de tirer sur l’ambulance, on pourra être étonné par le manque de réaction tactique de Luis Enrique qui n’a jamais semblé en mesure de faire des changements tactiques pourtant nécessaires.
Pourtant, et à la différence de ses prédécesseurs, on a pu voir que le coach espagnol possède un banc de touche avec des alternatives sérieuses pouvant apporter une vraie plus-value lorsque ses titulaires ne sont pas bons.
L’avenir nous dira si Luis Enrique a vraiment le caractère qu’il montre lors de ses vidéos Twitch ou s’il fera comme les autres.