Real Madrid - Chelsea : L'analyse tactique
Real Madrid 2-3 Chelsea
On venait à peine de finir de digérer le match aller, et d’enlever les dernières étoiles de nos yeux, qu’il fallait remettre ça 6 jours après.
Après ce premier Real-Chelsea de l’Histoire à Bernabeu, il est évident que l’on mettra au moins 15 jours pour évacuer le trop plein d’étoiles et d’émotions de notre petit corps fragile d’amoureux du football.
Après avoir été en difficulté tactiquement il y’a 6 jours, on attendait de voir comment Thomas Tuchel allait réagir et proposer une alternative pour contrarier la domination madrilène, notamment dans le milieu de terrain.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le coach allemand a réussi sa mission et a mis ses joueurs dans des conditions optimales pour réussir à se qualifier.
Des joueurs, pour la majorité, qui ont répondu présent, mais d’autres qui ont failli à certains moments du match.
Et, face au Real Madrid, donner la main revient à se faire bouffer le bras !
La performance des joueurs espagnols nous a donné l’occasion d’assister à quelques retournements de vestes XXL de la part de consultants football.
A la 80ème minute, Carlo Ancelotti est passé de « coach sans réaction tactique » à « grand maitre de la sérénité qui n’a jamais paniqué tel le génie du football qu’il est ».
Puis, à la 96ème, Karim Benzema passait d’« attaquant isolé au match raté » à « sauveur et Ballon d’or ».
Mais bon, c’est pas nous qu’on est anciens pros et c’est pas nous qu’on est des experts du foot !
Thomas Tuchel : Un milieu de terrain réorganisé pour un franc succès tactique.
On se souvient que les Anglais ont été difficulté tactique lors du match aller, et notamment dans le milieu de terrain en première mi-temps.
Avec son habituel 5-2-3, on avait noté l’infériorité numérique du duo Jorginho-Kanté face au trio Casemiro-Kroos-Modric, parfois aidé par Valverde.
Le Real avait alors pu ressortir le ballon proprement et surtout créer un décalage, dès la première relance, que le talent des Merengue bonifiait automatiquement.
Tuchel avait changé son système à la mi-temps en remplaçant un défenseur central par un milieu de terrain.
Mais, dès la 46ème, l’erreur technique d’Edouard Mendy permettait à Benzema de casser le plan de jeu du coach Allemand.
A Bernabeu, Thomas Tuchel a proposé un 4-4-2 avec un milieu en losange.
A la pointe haute de ce losange, Mason Mount était en soutien de ses 2 attaquants et surtout, l’Anglais était la clé du jeu de son équipe.
Ce milieu à 4 joueurs donnait donc, aux Blues, une supériorité numérique dans une zone clé du terrain.
Défensivement, cela leur a permis de récupérer plus de ballons qu’à l’aller.
Offensivement, cela leur a permis d’avoir des phases de possession de balle et donc, l’occasion d’avoir des temps forts.
Les Anglais ont réussi à mettre assez de qualité technique pour procéder à de longues phases de conservation, et surtout de préparation, dont le but était déclencher une attaque placée le plus haut possible dans le camp du Real.
On voyait que l’objectif de ces temps de préparation était d’attendre le démarquage de Mason Mount entre le milieu de la défense adverse.
Les déplacements des joueurs, les décrochages des attaquants avaient pour seul objectif de créer l’opportunité de trouver leur meneur de jeu démarqué.
L’ouverture du score en est l’exemple criant. (0-1, 15ème, Mount)
Grâce au remake de la Palette à Doudouce, hier soir sur Canal +, on a pu voir que le but est marqué après une phase de possession de plus d’une minute et de 29 passes.
Mount effectuera la 26ème passe vers Kovacic qui déclenchera le mouvement victorieux composé de seulement 3 passes à haute intensité.
Ce but montre aussi l’important du rôle de Timo Werner qui a été précieux dans son travail de décrochage et son placement.
On a vu l’Allemand se positionner près de Carvajal afin que le latéral droit soit « obligé » de rentrer dans l’axe et rester proche de son défenseur central, Nacho.
Cela forçait Valverde à redescendre comme 5ème défenseur pour gérer les montées du latéral gauche londonien, Marcos Alonso.
Le bloc de Chelsea étant assez haut, Vinicius était aussi obligé de venir aider son latéral F.Mendy.
Les ailiers du Real travaillant aussi bas, Karim Benzema était isolé et ne pouvait pas peser sur la défense adverse.
Le plan de Tuchel a fonctionné à merveille et il est important de rappeler que le coach Allemand possède un effectif qui n’est peut-être pas bling-bling, mais qui est composé de bosseurs avec un très bon état d’esprit.
Malheureusement, et comme au match aller, Chelsea a pris des buts évitables qui sont venus gâcher la performance d’en passer 3 au Real sur son terrain et surtout un match maitrisé jusque-là.
Les buts espagnols sont le fruit de deux pertes de balles complètement évitables et d’une glissade de Rudiger.
Le but de Rodrygo concerne aussi Thiago Silva qui, comme au match aller et la tête de Benzema (0-2), se fait encore une fois prendre dans son dos (même si la passe de Modric est douce et sucrée comme un bonbon)
Chelsea a fait l’erreur de permettre au Real de rester en vie pendant tout le match.
Real Madrid : Malgré une situation catastrophique, une équipe qui n’a jamais montré de signes extérieurs de panique grâce à ses joueurs d’expérience.
Comme évoqué depuis le début de cette analyse, le Real a été mis en difficulté, par le système de jeu proposé par Thomas Tuchel, dans le milieu de terrain.
Pourtant, quand Casemiro était bloqué, Kroos savait se rendre disponible, idem pour Modric et Valverde.
Mais, face à un bloc de Chelsea positionné plus haut qu’à l’aller et bien plus agressif, les Merengue avait moins de possession (donc moins la main sur le rythme du match) et perdaient beaucoup plus de ballons dans leur camp.
L’action du but refusé de Marcos Alonso est un exemple criant de cette situation.
Ferland Mendy, sans solutions, perd un ballon dangereux dans l’axe et on se rend compte que ses coéquipiers sont complètement paumés : Alaba est sur le côté gauche, Nacho est 10 mètres trop haut et Carvajal est orphelin de Valverde.
Défensivement, on a donc noté que le point faible du Real était son côté droit puisque Carvajal défendait de manière axiale sur Werner, ce qui libérait très souvent M.Alonso.
Le jeu de Chelsea portait donc à gauche et on remarque que les premier et troisième buts londoniens, ainsi que le but refusé d’Alonso, sont venus du côté droit du Real.
Offensivement aussi, puisque le positionnement de Valverde, obligé de compenser l’infériorité numérique de ses milieux de terrain dans l’axe, ne permettait pas au Real de peser offensivement sur le côté droit.
A gauche, Vinicius n’était pas dans un bon jour et était maitrisé par Rhys-James et Loftus-Cheek.
Alors, comme l’ « Institution » qu’il est, le Real Madrid a pu compter sur ses joueurs d’expériences et sur un banc de touche respectant son club, peu importe leur temps de jeu.
A la 77ème, Ancelotti a remplacé Mendy par Marcelo et Casemiro par Rodrygo.
Le Real est passé en 4-1-4-1 avec deux vrais joueurs de couloir offensifs dans un bloc plus haut et a bonifié ces changements 3 minutes après.
Une perte de balle de Kanté récupérée par un David Alaba très haut et agressif et un ballon transmis à Modric vont permettre la réduction du score et surtout l’apparition d’un espoir de qualification.
Le Croate, avec un délicieux extérieur du pied, trouvera enfin une zone où se trouvera un vrai ailier droit en la personne de Rodrygo. (1-3, 80ème)
Obligé de bricoler une défense à la suite de la sortie de Nacho (crampes), Ancelotti pourra compter sur les efforts de ses joueurs pour tenir le coup jusqu’à la fin du match.
On pense notamment à Marcelo qui a amené une forme de sérénité contagieuse et essentielle auprès de ses coéquipiers voire du stade tout entier.
On relèvera surtout la performance de Modric qui a compensé le travail défensif de Casemiro, endossé la cape de Toni Kroos sans que cela ait une influence sur sa performance personnelle.
37 ans cette année, et un joueur qui a abattu le boulot que ne font pas, et/ou ne feront jamais, certaines (bébés) stars, ou encore espoirs aux dents longues, au même poste.
La différence notable pour avoir un Ballon d’Or sur son buffet.
Enfin, on notera l’apport, une nouvelle fois essentiel a ce niveau, des remplaçants :
- Rodrygo : Buteur dès son entrée et amenant enfin de la vitesse et du danger sur le côté droit du Real.
- Camavinga : A contre-temps défensif sur le but de Werner, le Français gratte le ballon qui sera à l’origine du but de Benzema (2-3, 96ème). Surtout, sa grande qualité technique permettra, après ce but, de conserver le ballon et de casser le rythme de Chelsea.