Real Madrid 3-1 Manchester City

 

Soyons honnêtes, revivre un match comme le rêve que nous avions vécu à l’aller était clairement utopique.

Mais, malgré un match plus tendu, plus tactique, on a de nouveau vécu de belles émotions.

D’entrée de jeu, on a eu la sensation que chaque équipe avait conscience de l’enjeu et mesurait ses prises de risques.

Cela nous a donné un Real avec un bloc plus haut, forcément avec ce but à rattraper, et un City un peu contre-nature, plus bas et enchainant les erreurs techniques.

L’ouverture du score de Mahrez a changé le match car il a provoqué un changement tactique de la part de Carlo Ancelotti, obligé de prendre des risques.

Cela a offert plus d’espaces sur le terrain, plus de rythme et donc plus d’actions à se mettre sous la dent.

Le reste appartient encore une fois à l’Histoire.

 

Les clés du Real Madrid – Jusqu’à la 68ème minute : Un bloc plus haut et un « +1 » dans le milieu de terrain grâce au losange.

Carlo Ancelotti proposait une nouvelle fois un 4-3-3 avec sa sentinelle pointe basse Casemiro.

D’entrée de jeu, on a vu que la hauteur de bloc madrilène était plus haute qu’à l’aller avec l’objectif de mettre la pression sur les relanceurs de City.

On observait notamment le placement de Valverde, une nouvelle fois dans un rôle axial plus qu’ailier, mais aussi celui de Modric qui se plaçait en pointe haute du milieu en losange formé avec ses trois collègues.

Ainsi, le Croate empêchait la première solution de relais habituel des Anglais, Rodri.

Ce plan de jeu défensif a vraiment gêné les joueurs de City dans leurs sorties de balle.

Ces derniers ont eu du mal à trouver les liens de passes entre les relanceurs et les relais habituels, Rodri-De Bruyne-B.Silva.

Offensivement, le milieu en losange a permis au Real d’avoir une supériorité numérique constante qui a offert au moins une solution de relance verticale, et donc de décalage.

Cela était aussi favorisé par le fait que De Bruyne sortait de son milieu pour aller presser les défenseurs centraux du Real avec son avant-centre.

Délaissant le côté droit en phase offensive, du fait de la participation axiale de Valverde, les Espagnols ont concentré leurs attaques à gauche avec Vinicius, ou dans l’axe avec Benzema.

Le Real a travaillé et usé les joueurs de City en répétant ces chemins de jeu offensifs et en éteignant l’influence de certains leaders techniques anglais.

On parle d’usure pour Kyle Walker complètement cramé par Vinicius Jr. et de l’influence éteinte de Kevin de Bruyne.

Lorsque le Belge est moins bien, son équipe est aussi moins bien, ce qui n’est pas négligeable même lorsqu’on s’appelle Manchester City.

Pourtant, malgré de nombreux temps forts, le Real a connu une inefficacité peu habituelle.

A la 68ème minute, Carlo Ancelotti a donc dû se résoudre à prendre plus de risques en changeant son système de jeu.

Il a remplacé Toni Kroos par Rodrygo pour passer dans un véritable 4-3-3 et donner au Real la possibilité d’attaquer à droite avec un vrai ailier.

Avec ce changement, le Real a perdu son « +1 » dans le milieu de terrain et a permis à City de reprendre un peu plus la main sur cette zone de jeu.

A peine 5 minutes après, on a vu les conséquences de ce changement, rendu obligatoire par le but à rattraper.

Le pressing du Real sur le côté droit à libéré Bernardo Silva à l’opposé.

City réussissant à se sortir de ce pressing en trouvant le Portugais au sol, la transition rapide de ce dernier a créé un gros décalage qui a permis à Mahrez d’ouvrir le score et de débloquer le match pour le rendre fou. (0-1, 73ème)

 

A partir de la 73ème minute : Une prise de risque totale d’Ancelotti qui a pu compter sur l’ensemble de ses joueurs mais surtout sur des remplaçants à la hauteur de ses leaders.

Après le but de Mahrez, Carlo Ancelotti remplaçait les deux derniers dinosaures de son milieu de terrain, Casemiro et Kroos.

Le technicien italien passait en 4-2-3-1 en plaçant Ascencio en meneur de jeu et Camavinga-Valverde en milieux centraux plus bas.

Il est important de préciser que peu de coachs terminent une rencontre sans leur milieu de terrain titulaire surtout lorsqu’une défaite se profile.

La plupart d’entre eux préfèrent attendre un miracle qui ne viendra jamais plutôt que de tenter quelque chose (suivez mon regard…)

Avec cette prise de risque totale, on a eu du mal à penser que le Real allait réussir à marquer tant City réussissait à ressortir le ballon facilement et à se projeter devant le but de Courtois.

Grâce à des gestes défensifs de grande classe, on pense notamment au sauvetage de Mendy sur la ligne, les Anglais n’ont pas réussi à tuer le match.

Madrid réussissait à avoir quelques phases de possession devant un bloc de City reculant de plus en plus.

L’égalisation (1-1, 89ème, Rodrygo) viendra sur l’une de ces actions qui mettra en lumière tous les signaux d’une équipe avec la rage au ventre, un truc en plus que City n’avait pas :

 

  • Le déplacement de Benzema au second poteau avec un Foden qui n’a pas fait l’effort pour couvrir Cancelo pris, comme souvent dans son dos

 

  • Le jaillissement de Rodrygo devant des défenseurs et un Ederson « surpris »

 

Des signaux que nous trouverons sur le second but puisque le centre viendra du même côté, face à un bloc bas, et que le duel dans la surface sera gagné par un joueur plus petit que les « tours » de City et surprendra encore Ederson. (2-1, 91ème, Rodrygo)

Les 3 buts du Real mettent surtout en avant la plus-value des remplaçants.

Le doublé de Rodrygo bien sûr, mais aussi le travail d’Ascencio.

Aussi, l’influence de Camavinga qui a boosté le jeu de son équipe avec de vraies prises de responsabilités dans le jeu et notamment celle amenant le pénalty.

On le voit venir demander le ballon, se retourner et accélérer pour créer le décalage qui amènera la faute et le but de Benzema (3-1, 94ème)

Les scénarios de qualification de Madrid, des retournements de situations dans les dernières parties des matchs, traduisent réellement l’apport du banc de touche, l’implication des non-titulaires quelque soit leur temps de jeu et surtout le respect de leur maillot.

 

Manchester City : Une performance comme un papier calque posé 1 cm à côté du dessin à recopier.

Pep Guardiola proposait une nouvelle fois son 4-3-3 avec un milieu pointe basse.

Comme évoqué plus haut, on a senti que son City n’était pas dans son assiette et que le match n’allait pas être des plus faciles à gérer.

Face au bloc haut des Madrilènes, les Sky Blues ont eu du mal à utiliser leurs forces habituelles : les sorties de balle et la possession du ballon.

On a souvent vu des Anglais contraints de relancer long plutôt que d’utiliser des passes au sol vers leurs milieux relayeurs.

En phase d’attaque, on n’a pas vu la formation habituelle des triangles sur les côtés formés par le milieu offensif, l’ailier et le défenseur latéral.

Cela était un marqueur de la prudence de City et notamment du latéral droit Kyle Walker limitant ses participations offensives pour ne pas laisser de terrain à la flèche Vinicius Jr.

Pas de triangle, seulement deux joueurs utilisés dans ces zones de jeu « fortes », il était compliqué pour City de trouver des relais entre les lignes et créer des décalages.

C’est notamment pour cette raison qu’on a très peu vu De Bruyne mais aussi Foden et Mahrez sur les côtés.

Finalement, City a joué contre-nature.

Mais, les Anglais n’ont pas réussi à complètement s’adapter au fait de jouer différemment.

Avec un joueur en moins dans les zones de jeu, des déplacements différents, on a vu bon nombre de joueurs se tromper de manière surprenante tellement il était évident que ces choix de passes n’étaient pas les bons.

Lorsque l’on observe City, on se rend compte que les circuits de jeu, les combinaisons de passes, se font de manière automatique, quasiment à l’aveugle.

Face au Real, on a vu que les joueurs de Manchester ont souvent essayé d’appliquer ce qu’ils font d’habitude, comme s’ils étaient programmés pour évoluer de la sorte.

Ils n’ont pas réussi à adapter ce programme à la situation.

C’est pour cela que l’image du « papier calque » a été choisie pour résumer la performance de City.

Les Sky Blues ont toujours été un peu à côté de leurs pompes pendant la rencontre et n’ont pas réussi à s’adapter à une situation différente de ce qu’ils vivent d’habitude.

Ils ont pourtant réussi à retrouver leurs marqueurs habituels après l’entrée de Rodrygo et même à marquer un but que l’on pensait victorieux.

Mais, ils n’ont pas réussi à tuer le match et l’on est obligé de faire le comparatif entre les entrants de City et ceux du Real.

On n’a pas senti de plus-value, voire d’alignement sur le niveau des joueurs remplacés, hormis Gündogan remplaçant un Kevin De Bruyne trop peu performant lors de ce match.

A un tel niveau, l’influence des remplaçants prend autant d’importance que tout le reste et l’on a observé une nouvelle fois dans cette campagne européenne du Real.