Stade Rennais 5-1 FC Metz : L'analyse tactique
Stade Rennais 5-1 FC Metz
Fraichement promu, le FC Metz se déplaçait chez l’équipe idéale pour re-goûter à cette bonne vieille Ligue 1.
En effet, quoi de mieux que de rendre visite au Stade Rennais, une équipe qui se construit depuis plusieurs saisons pour aller chercher un podium synonyme de Champions League.
Un club structuré, un effectif, qui bouge peu, agrémenté de quelques recrues ciblées…
Bref, le FC Metz se retrouvait directement au bord du grand bassin, 4 mètres de profondeur. Il lui restait juste à voir si la bouée allait tenir et, si oui, combien de temps…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Rennais ont tout de suite montré aux Messins ce qu’était la Ligue 1 avec un début de match à 100 à l’heure.
Et, si les Grenats ont limité la casse pendant ces premiers temps forts adverses, ils ont coulé par la suite.
Pas une piqûre de rappel, mais un coup de poing dans la g….. qui les prévient que la Ligue 1 n’est pas la Ligue 2.
La Ligue 1 va 5 fois plus vite et les erreurs se payent 5 fois plus chères qu’en Ligue 2.
Et, ce Dimanche après-midi, deux soucis se sont posés au FC Metz :
- Des erreurs défensives identiques payées par des buts encaissés presque identiques
- Des erreurs surtout identiques à celles vues en Ligue 1 il y’a deux ans et en Ligue 2 la saison dernière
L’une des clés du match : Un monde d’écart entre les milieux centraux des 2 équipes.
Chaque coach proposait un système en 4-3-3 avec, logiquement, une variante concernant les pointes de leur milieu de terrain :
- Le coach Genesio, avec les objectifs et l’animation offensive d’une équipe favorite, a mis en place un milieu pointe basse, avec un seul milieu défensif, Santamaria : un 4-1-2-3.
- Le coach Böloni, avec un bloc bas et une animation défensive avant tout, un milieu pointe haute, avec Camara : un 4-2-3-1.
Très rapidement, nous avons pu observer l’animation défensive messine avec un bloc bas très resserré afin d’éviter les premières relances rennaises, au sol, entre les lignes vers les animateurs de jeu qu’étaient les 3 milieux centraux Santamaria, Bourigeaud et Le Fée.
L’idée était d’amener les Rennais sur les ailes, malgré la vitesse des Doku et Gouiri normalement gérés à deux Messins contre un, et de forcer les centres.
En effet, il y’avait un peu moins de risques dans le jeu aérien que dans la gestion de la vitesse des 3 attaquants Rennais.
Nous y reviendrons dans le chapitre consacré aux Grenats, mais le FC Metz n’aura pas réussi à gérer ces centres, encaissant des buts presque identiques via des centres en retrait…au sol.
Ce qui a vraiment contrasté entre les deux équipes, c’est l’animation des deux milieux de terrains.
Du côté Messin, nous avons vu deux milieux défensifs N’Doram et Jean-Jacques, restant majoritairement dans leur zone pour faire tampon devant leur défense et n’en sortant que pour suivre les déplacements des Rennais.
Offensivement, ces deux joueurs n’étaient jamais utilisés au moment de la phase de relance de leurs défenseurs.
On n’observait aucun déplacement, aucun appel proposant une solution, donc aucun risque de décalage.
A partir ce moment, les Rennais devaient gérer les longs ballons, seule solution de relance messine, et la profondeur.
Et force est de constater que les Bretons se sont mis en difficulté deux fois sur ce type de relance.
Par manque d’agressivité et de concentration, ils ont encaissé un but et cassé leur premier temps fort. La mi-temps est d’ailleurs arrivée à point nommé pour leur permettre de complètement reprendre le fil du match.
Du côté Rennais, la solution trouvée par les 3 milieux, impossibles à trouver entre les lignes du fait du bloc défensif messin, a été celle de la mobilité constante et des changements de zones.
De la part du trio breton, on observait des déplacements sur les côtés, des changements de zones bien marqués pour se sortir du marquage messin.
Cela portait ses fruits puisqu’au contraire des milieux messins, c’est bien le milieu rennais qui prenait en main le déclenchement des attaques placées de son équipe.
Et cela changeait beaucoup de choses.
Aussi, le mouvement de ces 3 joueurs obligeait les déplacements de leurs coéquipiers, attaquants et défenseurs latéraux, afin de profiter des espaces créés.
Un mouvement perpétuel qui a mis à mal le bloc messin qui, comme les 2 saisons précédentes, a toujours eu du mal à rattraper son retard défensif après un premier décalage.
Sauf que, comme évoqué dans l’intro, il était presque impossible de rattraper un retard défensif face à des dragsters comme Doku ou Gouiri.
Cette vitesse et ces mouvements ont fait perdre la tête au bloc messin et on n’a pas été surpris de voir des buts quasiment identiques où les ailiers rennais faisaient parler leur vitesse et où les actions étaient terminées par ceux qui les avaient commencées : les milieux de terrain.
Il serait réellement intéressant d’avoir accès au mapping des la couverture du terrain des 3 milieux rennais afin de le comparer aux milieux messins.
FC Metz : Défensivement, des lacunes déjà vues depuis 2 saisons à vite corriger.
Comme évoqué dans les chapitres précédents, le FC Metz, malgré une animation défensive clairement établie, a rapidement été mis en difficulté par la vitesse et les dépassements de fonctions des Rennais.
On a vu un bloc en difficulté à partir du moment où l’un des joueurs devait suivre un adversaire sortant de sa zone.
Des déplacements souvent faits en retard et rarement compensés avant quelques secondes.
Le problème en Ligue 1, et contre un adversaire comme le Stade Rennais qui va jouer le podium cette saison, est que ces secondes de retard sont des secondes de trop.
Et la plupart du temps, Rennes arrivait au bout de ses actions.
Le 1er temps fort Rennais, jusqu’à l’ouverture du score de Kalimuendo (1-0, 20ème), a été marqué, dans les 10 premières minutes, par 4 actions franches dont les Messins se sont miraculeusement sortis
Ce qui illustre vraiment la supériorité Rennaise et les lacunes Messines, c’est que les cinq buts possèdent les mêmes marqueurs :
- Action se développant sur un côté
- Centre, pratiquement à chaque fois, en retrait
- Frappe repoussée par Oukidja
- Joueur Rennais libre reprenant le ballon pour marquer
Si l’on ne remettra pas en cause le fait que les joueurs du Stade Rennais sont supérieurs aux Messins, on peut tout de même regretter que les buts encaissés par ces derniers soit aussi et surtout dus à ces erreurs défensives :
- Koffi Kouao, dont l’énergie et la bonne volonté ne suffiront pas en Ligue 1 et ont déjà coûté deux buts
- Des défenseurs obnubilés par la ballon oubliant les adversaires dans la surface
- Un duo de milieux défensifs souvent loin de la surface de leur gardien lorsque l’action se termine
- 11 joueurs toujours en réaction défensive plutôt qu’en anticipation
Dans leur malheur, les Messins ont la chance d’avoir commencé leur saison face à un prétendant au podium, voire au titre.
Une équipe stable depuis plusieurs années, avec beaucoup d’automatismes, qui a montré aux Grenats ce qui les attendait, et que se présenter avec un bloc bas ne suffirait pas pour se maintenir.
FC Metz : Des éléments offensifs qui ont mis le doute aux Rennais pendant 10 bonnes minutes
Lors de sa phase de relance, la défense du FC Metz a choisi de ne pas passer par ses deux milieux centraux.
Par peur de perdre le ballon dans son camp ? Parce que ces derniers ne demandent pas le ballon ?
Quoi qu’il en soit, la relance était quasiment effectuée par un jeu long vers Mikautadze.
Face à un adversaire se projetant haut, et donc une ligne défensive la plus haute possible, cette solution a posé des problèmes aux Rennais qui ont encaissé un but (1-1, Maziz, 21ème) et ont été mis en difficulté sur un nouveau jeu long quelques minutes après, et un dégagement d’Oukidja, à la 25ème, tout aussi mal géré.
Sur ces deux jeux longs, on notera l’apport de Mikautadze qui, au combat, réussira à gagner le ballon, le garder pour permettre à ses offensifs de le suivre, mais aussi et surtout à en faire quelque chose :
- 21ème: Une passe décisive
- 25ème: Une action de but conclue de manière personnelle qui aurait dû se transformer, moins égoïstement, en passe décisive
Le Géorgien n’avait pas forcément besoin de chercher à marquer à tout prix pour se mettre en lumière, les offres sont déjà sur le bureau de son président depuis quelques semaines déjà.
Mais l’avant-centre a montré, qu’en cas de départ, il sera difficile de le remplacer au niveau.
Parenthèse Mikautadze fermée, ces deux actions ont eu le mérite de semer le doute dans une équipe de Rennes qui semblait pleine de certitudes.
Les Bretons ont donc descendu leur bloc et ont permis aux Messins de porter le ballon et de déclencher leurs attaques placées plus haut sur le terrain.
Mais, encore une fois, sans la disponibilité de leurs milieux de terrain pour faire le lien entre la défense et l’attaque, les longs ballons n’ont pas amené grand-chose.
On souhaite aux Messins plus de créativité et de diversité dans leurs attaques placées afin d’espérer marquer des buts, nerf de la guerre dans leur quête du maintien.
Sans surprise dans son animation offensive, un promu ne peut se maintenir en Ligue 1.